La création du département Biologie appliquée de l’IUT de Nancy (2022) Millière : Différence entre versions

De Émérites Lorraine
(Le bilan de l’enseignement supérieur au début des années soixante)
(Le contexte national : création et spécificité des Instituts Universitaires de Technologie (IUT))
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existait cependant des possibilités de poursuites d’études. L’IUT fut défini comme un Institut
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Il convenait donc de créer de nouveaux établissements d’enseignement supérieur, offrant une
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==Pourquoi l’implantation du premier IUT « Biologie Appliquée » à Nancy ?==
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Nancy se distinguait de la majorité des autres villes universitaires par des Ecoles uniques en
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;Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Nancy (ENSAN): L’histoire de cette école a fait récemment l’objet d’un travail de mémoire par le professeur émérite Armand GUCKERT de l’UL-ENSAIA, dans une publication abondamment illustrée
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sur l’« Histoire de l’Institut Agricole et Colonial de l’Université de Nancy », dont le sous-titre explicite est l’« Origine de l’enseignement Agronomique en Lorraine ». Dans ce livret de 16 pages, édité en 2020, l’auteur fait revivre les fondements et l’évolution de cet institut, créé en 1901 par le professeur Edmond GAIN (1868-1950), enseignant de botanique à la faculté dessciences.
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:En 1948, cette structure prit le nom d’Institut Agricole de Nancy (IAN). « En 1948, l’Institut Agricole de Nancy s’adjoint une ferme expérimentale située au Montet, à Villers-lès-Nancy, dont l’acquisition a été favorisée par l’implication du Directeur A. Echevin et du Doyen Delsarte. Le domaine comportant un corps de ferme appelé « Ferme du Montet » de 42 ha et un château appelé « Château du Montet », avec un parc boisé de 9 ha, a été acheté à M. Lagrenée, lui-même ayant acquis antérieurement les biens auprès de la famille Helbronner-Fould (Maître de Forges, Aciéries de Pompey) ».
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:L’IAN exploitait le terrain de la ferme du Montet à des fins de polyculture. Un élevage de vaches laitières produisait du lait dont une partie était analysée et transformée dans la petite fromagerie de l’ELN. En 1953, l'IAN devint l’ENSAN.
 
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Version du 10 décembre 2022 à 11:55

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Avant-propos

Nancy est une grande ville universitaire dans laquelle nombre d’écoles ont été pionnières en France. La majorité d’entre elles ont été crées au XIXème siècle et nous avons quelquefois le plaisir de pouvoir consulter des documents retraçant leur conception et leur devenir. Plus proche de nous, en 1966, la création officielle des Instituts Universitaires de Technologie (IUT) a profondément modifié les offres des études universitaires. Le premier département de Biologie appliquée (BA) ouvrit en octobre 1965, à « titre expérimental », dans les locaux de l’Ecole de Laiterie de Nancy (ELN). Les principaux acteurs de cette réussite universitaire, maintenant disparus, n’ont pas laissé de documents sur la réalisation de cette formation spécifique et originale.

En 1998, une communication du professeur Robert MAINARD*, directeur de l’IUT du Montet de 1969 à 1978, retraçait les événements qui conduisirent à la création des IUT, aux installations puis aux évolutions des départements implantés à Nancy, mais sans exposer les détails de la création du premier département BA de France.

Ancien étudiant de l’ELN, puis professeur à l’IUT Nancy-Brabois, j’ai souhaité redonner vie à cette période, mais sans avoir eu l’opportunité de participer à toute son histoire. En effet, le 1er octobre 1969, je fus nommé assistant à l’IUT du Montet en technologie alimentaire, date de la rentrée de la 5ème promotion. De ce fait, la rédaction de ces « Mémoires » n’est pas exhaustive. Elle est fondée sur des enquêtes auprès d’anciens enseignants, techniciens, secrétaires et étudiants, complétées par des textes officiels, des documents tirés des archives du département BA ou trouvés sur Internet.

C’est l’exploitation de ces données, en me limitant aux sept premières années du fonctionnement du département BA, que je vous transmets en toute objectivité. Pour en faciliter la lecture, je me suis abstenu de narrer trop de détails et d’anecdotes et d’évoquer la disponibilité et l’implication de beaucoup de mes collègues

Le bilan de l’enseignement supérieur au début des années soixante

Un constat positif : à cette période, la France se portait apparemment bien et cette bonne santé économique se conjuguait avec une rapidité de l’évolution technologique. En 1964, un important train de réformes fut mis en place pour moderniser les programmes des études supérieures avec la construction d’une vingtaine d’universités, l’augmentation importante du nombre de postes d’enseignants et l’institution de filières très spécialisées en relation avec les besoins de la recherche, comme la Maîtrise d’informatique et d’électronique.

Un constat négatif : dans les entreprises du secteur secondaire, existait un manque de cadres intermédiaires ou « cadres moyens » qui mettent en relation les notions de conception dévolues aux cadres créateurs ou ingénieurs et de réalisation opérée par les agents d’exécution ou ouvriers ; il convenait également de s’inquiéter d’une augmentation du nombre d’échecs aux examens ; en effet, les études dans l’enseignement supérieur étaient souvent trop longues, abstraites et difficiles. L’inadéquation de ces formations avec les débouchés professionnels était souvent décriée. Des industriels déploraient un « faible rendement des universités » ; ils revendiquaient davantage de qualification afin de répondre à une demande qui évoluait.

L’enseignement technique était manifestement le parent pauvre, car il n’avait qu’une très faible attractivité, avec peu ou pas d’apprentissage dans les entreprises. Les Sections de Techniciens Supérieurs (STS), créées en 1952, étaient équivalentes au premier cycle universitaire. Le Brevet de Technicien Supérieur (BTS), bien que très apprécié, affichait de nombreuses spécialités très pointues.

Le contexte national : création et spécificité des Instituts Universitaires de Technologie (IUT)

Suite à ce bilan, il y avait donc urgence à résoudre certains points, comme le besoin de nouveaux cadres spécifiquement formés et la nécessité de proposer une formation générale et technique, adaptée et efficace, qui devait permettre une évolution dans leur spécialisation. Les bases de ces nouvelles fonctions d’encadrement technique furent définies avec une spécialisation plus poussée que celle de l’ingénieur et une formation générale plus étendue que celle de technicien.

Ces différentes observations conduisirent à une réflexion sur les contenus de cette nouvelle formation ; elle associa des autorités du pays (hauts fonctionnaires), des responsables des enseignements supérieurs (universitaires) et des milieux professionnels (chefs d’entreprises, syndicalistes). Les points clés à définir et à préciser étaient l’identification des fonctions des techniciens supérieurs (TS), le profil des candidats, la nature des enseignements, les caractéristiques des enseignants, la forme de la pédagogie, le type d’établissement d’accueil et les structures administratives.

Cette réflexion déboucha sur la nécessité de créer une « Commission des Instituts des Formations Techniques Supérieures ». Les conclusions et les points clés de son rapport de synthèse, présenté au Ministre de l’Education Nationale (MEN), fin 1965, définissaient le concept Institut Universitaire de Technologie par la « création d’une voie nouvelle de conception originale », d’une durée de 2 ans. Elle se traduisait par une « formation scientifique et technique appropriée, de caractère concret, réalisée avec la collaboration de professionnels, bien adaptée à un milieu en constante évolution ». Le Diplôme Universitaire de Technologie (DUT) « donne un accès direct à des activités professionnelles pour répondre à des fonctions nouvelles d’encadrement technique ».

Les travaux de la Commission Pédagogique Nationale (CPN) précisaient les caractéristiques spécifiques et originales de ce nouveau type d’enseignement : un caractère concret, une pédagogie adaptée, une modification périodique des programmes afin de suivre l’évolution technologique. Des professionnels compétents (ingénieurs, techniciens) participaient à l’enseignement pour 20 % de son volume. Ce cycle d’études possédait une vocation professionnalisante. L’insertion des diplômés devait être réalisée dans des PME-PMI, mais il existait cependant des possibilités de poursuites d’études. L’IUT fut défini comme un Institut d’une université qui dispensait en formation initiale ou en formation, de niveau III, un enseignement supérieur destiné à préparer aux fonctions d’encadrement technique et professionnel dans certains secteurs de la production, de la recherche appliquée et des services.

Il convenait donc de créer de nouveaux établissements d’enseignement supérieur, offrant une pédagogie appropriée, selon une division par département et possédant une structure administrative spécifique.

Pourquoi l’implantation du premier IUT « Biologie Appliquée » à Nancy ?

Nancy se distinguait de la majorité des autres villes universitaires par des Ecoles uniques en France. Cette ville était bien ancrée dans le tissu industriel local avec trois écoles liées aux industries agro-alimentaires.

Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Nancy (ENSAN)
L’histoire de cette école a fait récemment l’objet d’un travail de mémoire par le professeur émérite Armand GUCKERT de l’UL-ENSAIA, dans une publication abondamment illustrée

sur l’« Histoire de l’Institut Agricole et Colonial de l’Université de Nancy », dont le sous-titre explicite est l’« Origine de l’enseignement Agronomique en Lorraine ». Dans ce livret de 16 pages, édité en 2020, l’auteur fait revivre les fondements et l’évolution de cet institut, créé en 1901 par le professeur Edmond GAIN (1868-1950), enseignant de botanique à la faculté dessciences.

En 1948, cette structure prit le nom d’Institut Agricole de Nancy (IAN). « En 1948, l’Institut Agricole de Nancy s’adjoint une ferme expérimentale située au Montet, à Villers-lès-Nancy, dont l’acquisition a été favorisée par l’implication du Directeur A. Echevin et du Doyen Delsarte. Le domaine comportant un corps de ferme appelé « Ferme du Montet » de 42 ha et un château appelé « Château du Montet », avec un parc boisé de 9 ha, a été acheté à M. Lagrenée, lui-même ayant acquis antérieurement les biens auprès de la famille Helbronner-Fould (Maître de Forges, Aciéries de Pompey) ».
L’IAN exploitait le terrain de la ferme du Montet à des fins de polyculture. Un élevage de vaches laitières produisait du lait dont une partie était analysée et transformée dans la petite fromagerie de l’ELN. En 1953, l'IAN devint l’ENSAN.