Le contexte
Le traité de Francfort, qui met fin à la guerre de 1870, entraîne l’annexion par l’Allemagne de l’Alsace et de la Moselle et ampute la Lorraine restée française d’une grande partie de ses ressources humaines, industrielles ou naturelles. Metz et Thionville deviennent des villes allemandes. Nancy, ville-frontière, est la seule grande ville de l’Est de la France. L’arrivée des "optants", des Alsaciens et des Mosellans qui refusent de vivre sous le joug allemand, contribue à son développement. En 1874, l’installation de l’usine de soude Solvay à Dombasle-sur-Meurthe et, en 1883, la mise en exploitation des mines de fer du bassin de Briey contribuent au développement sans précédent du nouveau département de Meurthe-et-Moselle qui devient l’un des plus riches de France. Les hauts-fourneaux s’élèvent aux portes de Nancy, la charpenterie métallique et la grande chaudronnerie s’installent en périphérie de la ville. En quelques années, Nancy double sa population qui en 1900 atteint 100.000 habitants. Ces activités engendrent des retombées :les banques et les grands magasins se développent et la Chambre de Commerce et d’Industrie, la plus florissante de France, organise en 1909, en collabora-tion avec la ville de Nancy, une exposition interna-tionale destinée à montrer à la France et à l’Allemagne le dynamisme économique et artistique de la Lorraine non annexée et des régions voisines de l’Est.
L’Exposition internationale de l’Est de la France L’Exposition est inaugurée le 1er mai 1909 par Ludovic Beauchet, maire de Nancy, et Louis Barthou, ministre des Travaux Publics. Elle se déroule sur six mois au Parc Sainte-Marie, qui est le lieu principal des activités. Cette exposition totalise plus de 2 millions d’entrées, ce qui est considérable pour une manifestation organisée en province dans une ville de taille moyenne. C'est loin toutefois des Expositions parisiennes, comme l’Exposition Universelle à Paris en 1900, qui a accueilli plus de 48 millions de visiteurs. Elle s’étend sur plus de 22 hectares avec trois sites contigus : l’avenue principale, devenue avenue Boffrand, qui s’ouvre sur la rue Jeanne d’Arc, le parc Sainte-Marie et le terrain
Blandan (voir le plan général en page suivante). Cette vaste esplanade accueillera plus tard un complexe thermal dont la construction est décidée en 1910 après le forage des frères Planchin et de Louis Lanternier, débuté en 1908 et inauguré en 1909.
L’avenue principale est bordée par différents bâtiments, parmi lesquels, sur l’aile nord, la nouvelle École des Beaux-Arts et sur l’aile sud le Village Alsacien, qui, dès l’entrée, comme un symbole, attire les visiteurs. L’exposition s’ouvre en effet dans un contexte de revanche : la France n’a jamais accepté la perte de l’Alsace et de la Moselle annexées par l’Allemagne depuis le Traité de Francfort et a retrouvé les forces qui lui permettront de regagner les provinces perdues.Dans le parc Sainte-Marie sont construits des stands de dégustation, des attractions ainsi que divers pavillons : Chambre du commerce, Postes et Imprimerie Nancéienne. C’est également dans le parc Sainte-Marie que s’élève le pavillon ou Palais de l’École de Nancy. Enfin, le terrain Blandan constitue une esplanade où sont érigés sept palais, formant un U, avec au centre un jardin à la française. Ce sont le Palais des Fêtes, le Palais des Textiles, celui de l’Électricité, celui du Génie Civil appelé aussi Palais des Arts Libéraux et enfin le Palais des Mines et de la Métallurgie, dont la façade est réalisée par Eugène Valllin, également auteur du pavillon ou Palais de l’École de Nancy. L’idée de la construction de cet ensemble monumental est à rechercher dans la volonté de la municipalité de Nancy et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Meurthe-et-Moselle d’organiser à l’échelle régionale une exposition pouvant égaler celle de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris. Certains palais de l’esplanade Blandan en sont d’ailleurs inspirés.
