La Chanson de Roland/Léon Gautier/Édition populaire/1895/Préface : Différence entre versions

De Wicri Chanson de Roland
(Préface)
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''Mon rêve, en 1865 — lorsque je commençais à m'occuper de cette chère'' Chanson de Roland, — ''était de la faire pénétrer dans l'enseignement secondaire et de lui conquérir, dans toutes les classes de la société, une nouvelle et durable popularité. J'étais fort ambitieux, comme on le voit, et cependant ce rêve, que je croyais irréalisable , a été réalisé.''  
 
''Mon rêve, en 1865 — lorsque je commençais à m'occuper de cette chère'' Chanson de Roland, — ''était de la faire pénétrer dans l'enseignement secondaire et de lui conquérir, dans toutes les classes de la société, une nouvelle et durable popularité. J'étais fort ambitieux, comme on le voit, et cependant ce rêve, que je croyais irréalisable , a été réalisé.''  
  
Il y a quelques années, le Roland était désigné par les deux Agréga-
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''Il y a quelques années, le ''Roland'' était désigné par les deux Agrégations des « classes supérieures » et des « classes de grammaire » ; peu de temps après, il était officiellement placé au nombre des classiques à l'usage des élèves de seconde. Un de mes bons amis, lisant en mon âme le plaisir que devait me causer un coup d'État aussi inattendu, écrirait ces jours derniers dans la ''Revue des questions historiques'' que « le jour où j'appris cette heureuse nouvelle, j'avais dû illuminer toutes mes fenêtres en verres de couleur. » La vérité est que j'en fus comblé de joie, et je n'ai vraiment aucune raison de le cacher.''
tions des « classes supérieures » et des « classes de grammaire »; peu  
 
de temps après, il était officiellement placé au nombre des élastiques
 
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« le jour où j'appris cette heureuse nouvelle, j'avais dû illuminer toutes  
 
mes fenêtres en verres de couleur. » La vérité est que j'en fus comblé  
 
de joie, et je n'ai vraiment aucune raison de le cacher.'  
 
  
 
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Version du 12 octobre 2021 à 09:30

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Préface

Mon rêve, en 1865 — lorsque je commençais à m'occuper de cette chère Chanson de Roland, — était de la faire pénétrer dans l'enseignement secondaire et de lui conquérir, dans toutes les classes de la société, une nouvelle et durable popularité. J'étais fort ambitieux, comme on le voit, et cependant ce rêve, que je croyais irréalisable , a été réalisé.

Il y a quelques années, le Roland était désigné par les deux Agrégations des « classes supérieures » et des « classes de grammaire » ; peu de temps après, il était officiellement placé au nombre des classiques à l'usage des élèves de seconde. Un de mes bons amis, lisant en mon âme le plaisir que devait me causer un coup d'État aussi inattendu, écrirait ces jours derniers dans la Revue des questions historiques que « le jour où j'appris cette heureuse nouvelle, j'avais dû illuminer toutes mes fenêtres en verres de couleur. » La vérité est que j'en fus comblé de joie, et je n'ai vraiment aucune raison de le cacher.

Ce n'était encore là, néanmoins, qu'une satisfaction incomplète, et je n'avais pas encore réussi, comme je le souhaitais , à faire parvenir le vieux poème à l'adresse du vrai peuple, des femmes et des enfant.'.

Mes éditeurs ont consenti à s'associer à ce vœu, et voici qu'ils publient cette nouvelle édition, <jui est d'allure populaire.

Ici, pas d'érudition, pas de subtilités philologiciues, pas d'appareil ennuyeux. Le texte même du onzième siècle, si difficile et si rude d'as- pect, n'est pas mis intégralement sous les yeux de nos lecteurs, et l'on en a seulement imprimé quelques extraits à l'usage des collèges et en vue des examens universitaires. Une Introduction très sommaire, une traduction commentée : c'est tout. Rien de p lus vulgarisateur, rien de plus net. Il me semble qu'une jeune pensionnaire, qu'un collégien de douze ans, un ouvrier et un paysan, comprendront tout en ce livre véritablement élémentaire. Et, à force de le leur faire comprendre, j'espère bien que je finirai par le leur faire aimer.

A un livre aussi populaire on n'a pas voulu refuser la parure d'une illustration originale. MM. Olivier Merson , aujourd'hui membre de l'Institut, Zier et Ferai, ont taillé leurs meilleurs crayons et en ont fait sortir de charmants dessins , pleins de couleur locale, de chaleur et de vie, que M. Méaulle a gravés avec intelligence et amour. L'un de ces excellents artistes, M. Zier, est allé chercher ses inspirations dans les lieux mêmes qui furent le théâtre du célèbre désastre de 118; il est resté quinze jours aux alentours de Roncevaux, et ses paysages joignent à d'autres charmes l'attrait d'une exactitude réelle. C'est ce que per- sonne encore n'avait eu l'idée de faire, et le lecteur voudra bien nous tenir compte d'une innovation qui, pour être tardive, n'en est pas moins appréciable et heureuse.

Et maintenant qu'elle aille, sous cette forme nouvelle, qu'elle aille, ma vieille chanson, faire du bien aux intelligences françaises et aux cœurs français.

Qu'elle aille proclamer partout , — avec sa mâle et noble voix <jui sait si bien faire comprendre, — cette vérité pour laquelle j'ai travaillé et lutté depuis plus de vingt uns : ■ La France ne date pus de 1789; « la France du onzième siècle était déjà grande et belle, puissante et « aimée; la France enfin compte quatorze cents ans d'existence et de « gloire. » Qu'elle parle de la sorte, et on Vécoutera.

Qu'elle aille réveiller au fond des âmes l'amour pour la chère patrie française, et augmenter parmi nous la somme de la virilité nécessaire. Qu'elle fasse des hommes, qu'elle fasse des Français, qu'elle fasse des chrétiens.

NOUS en avons besoin.