FPM, Chanson de Roland (1869) F. Michel, 7-8

Fonds Paul Meyer Chanson de Roland Édition de Francisque Michel (1869) annotée par Paul Meyer

Le texte

P. 252 colonne 38 v. 14

Ce sent Rollant sent que la mort le prend,

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Du coté de la tête sur le cour [elle] lui descend ;

Sous un pin [il] y est alé courant ;

Sur l'herbe verte [il] s'y est couché renversé ;

Dessous lui [il] met un epée et l'olifant (cor d'ivoire).

[il] tourna sa tête vers la paienne gent

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Pour ce l'a fait qu'il veut vraiment

Que Charlemagne dise et toute son armée  [signe]

que le gentil comte est mort victorieux.

Il dit son mea culpa à maintes reprises ;

Pour ses péchés [il] offrit [à] Dieu le gant.

Ce sent Rollant [que] de son temps [il] n'y a plus, 25

Devers Espagne [il] git en une montagne aigüe.

D'une main il a battu sa poitrine :

« Dieu ! mea culpa, au nom de tes mérites,

[pardon] de mes péchés, des grands et des petits

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que j'ai fais dès l'heure que [je] suis né

jusqu'à ce jour qu'ici [je] suis frappé ! »

Son gant droit [il] en a vers Dieu tendu ;

Les anges du ciel y descendent à lui.

Le comte Rollant gisait sous un pin

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Vers Espagne [il] en a tourné son visage

De plusieurs choses lui à souvenir lui prit

De tout de terres comme le baron (Rollant) avait conquises,

De sonce France, des hommes de son lignage

De Charlemagne son seigneur qui le nourrit

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[Il] ne peut s'empêcher d'en pleurer et d'en soupirer,

mais lui [il] ne voulut se lettre lui-même en oubli ;

il crie un mea culpa, et prie misericorde [dans l'interligne : merci] à dieu ;

« Vrai père, qui onques jamais ne mentis,

[Qui] ressucitas Lazarre de mort

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et guéris Dani prot défendis Daniel des livres

(col.39)

Défends mon âme (l'âme de moi) de tous périls

pour les péchés que'en ma vie [je] fis. »

Son gant droit à Dieu [il] en offrit,

Saint Gabriel il l'a pris de sa main,

Sur son bras il (Rollant) tenait la tête inclinée

les mains jointes [il] est allé à sa fin.

Dieu lui envoya son ange chérubin

Et saint Michel qu'on appelle du peril (St Michel en péril de mer, près St Malo)

Ensemble avec eux saint Gabriel y vint,

[Ils] portent l'ame du comte en paradis.