La légende des paladins (1877) Autran/Épilogue
Épilogue
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Voilà donc ce qu’étaient nos illustres ancêtres
- Aux grands jours d’autrefois,
Quand ils couraient le monde et qu’ils parlaient en maître
- Aux peuples comme aux rois !
Voilà ce qu’ils étaient ! vous conservez leur trace,
- Montagnes et halliers !
Heureux ou malheureux, c’était toujours la race
- Des vaillants chevaliers.
Fiers et suivant au loin leur étoile qui brille,
- Ils marchaient triomphants ;
Ils ne formaient alors qu’une seule famille
- Avec tous ses enfants.
Si la défaite, un jour, humiliant cet astre,
- Voilait son rayon d’or,
Du soir au lendemain, relevés du désastre,
- Ils triomphaient encor.
D’un essor unanime ils allaient sous le heaume,
- Faisant l’œuvre de Dieu.
Pas un peuple ne fut plus grand, pas un royaume
- Sous le vaste ciel bleu !
La discorde est venue, elle a de cette armée
- Désuni tous les rangs ;
Elle a fait une foule asservie, opprimée,
- De tous ces conquérants.
O Patrie, où vas-tu ? Ce ne sont que divorces
- Et fureurs de partis.
Bientôt le plus grand peuple, ayant usé ses forces,
- Sera des plus petits.
Le monde avec stupeur verra cette ruine,
- Il verra ce néant ;
Et se demandera quelle rigueur divine
- A frappé le géant.