Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LV/Gautier/706. Géographie

De Wicri Chanson de Roland

Note complète sur la géographie de la Chanson de Roland


 
 

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Note note complète sur la géographie de la Chanson de Roland

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 106.jpg[99]

Vers 706.
Vers dulce France chevalchet l’Emperere
Nous plaçons ici notre « note générale sur la géographie de la Chanson de Roland ». C’est ici, en effet, que commence réellement l’Itinéraire de Charles et celui de Roland.

I. Positions occupées par les deux armées au début de la Chanson de Roland : Saragosse et Cordres

I. Positions occupées par les deux armées au début de la Chanson de Roland : Saragosse et Cordres. Lorsque commence l’action de notre poëme, Marsile et l’armée païenne occupent Saragosse. (V. 10 et suivants.) D’un autre côté, Charlemagne et l’armée française sont devant Cordres (v. 71), qui est emportée d’assaut. (V. 96 et suivants.) ═ Où est Cordres ? Faut-il, comme tous les traducteurs du Roland, traduire ce mot par « Cordoue » ? On a déjà montré, avec raison, qu’une telle assimilation est rigoureusement impossible. En effet, quand les messagers de Marsile vont en ambassade de Saragosse à Cordres (v. 96), et quand Ganelon se rend avec eux de Cordres à Saragosse (v. 366), ils ne paraissent pas mettre un long temps à faire le chemin.═ M. G. Paris (Revue critique, 1869, n° 37, p. 173) prétend que ce voyage ne dure qu’un jour. Le texte ne confirme pas très-nettement cette allégation (St. viii) ; mais il est évident que la chose se fait assez rapidement, sans fatigue, et que les ambassadeurs de Marsile et Ganelon n’ont pas, comme s’il s’agissait vraiment de Cordoue, à traverser toute l’Espagne.

Chanson de Roland (1872) Gautier, II, page 107.jpg[100]

    1. 706 ##

═ Je suis donc fort disposé à admettre que Cordres, dans l’idée de notre poëte, est près des Pyrénées. Mais j’ajouterai que, dans son esprit, il s’agissait d’une très-grande ville ; — qu’il avait vaguement entendu parler de Cordoue, boulevard important de la puissance musulmane ; — et que, par une ignorance dont on trouve bien des preuves dans nos vieux poëmes, il place bravement cette grande ville non loin de Saragosse. ═ Tout au contraire, dans le roman du Cycle de Guillaume que nous avons découvert et intitulé la Prise de Cordres, c’est bien de Cordoue qu’il s’agit. ═ Quoi qu’il en soit, nous avons, dans cette traduction, traduit ce mot par « Cordres » pour mieux respecter notre texte. ═ Formulons en deux mots notre conclusion : « Au début de la Chanson de Roland, deux points topographiques sont mis en lumière : Saragosse, dernier refuge du roi Marsile ; Cordres, dernière conquête de Charlemagne, que je placerais à quinze ou vingt lieues de Saragosse au N.-O., ville imaginaire sans doute et née du souvenir de la véritable Cordoue. »

II. Itinéraire de Charles depuis Cordres jusqu’aux Pyrénées : Galne. Charlemagne n’attend pas à Cordres le retour de Ganelon, son messager près de Marsile. Il se met en route vers la France, il aproismet son repaire. (V. 661.) Il arrive sur les ruines de Galne, que Roland a jadis détruite et qui, depuis cet exploit, fut cent ans déserte. (V. 662-664.) C’est là que Charles attend Ganelon et le tribut promis par Marsile (V. 665-666.) Il nous paraît impossible de déterminer la situation de Galne, et nous y avons épuisé nos efforts. ═ Charles cependant ne tarde pas, après avoir vu Ganelon, à quitter Galne. (V. 701 : Franc desherbergent.) Il reprend la route de France (v. 702 : Vers dulce France tuit sunt achiminez), et fait une journée de marche. Puis, les Français se reposent, ils campent dans un lieu innommé (v. 709 : Franc se herbergent par tute la cuntrée), et c’est là que l’Empereur a ses rêves lugubres (v. 718-736) qui lui donnent le pressentiment de Roncevaux. Le lendemain matin, en s’éveillant, Charles montre à ses barons les défilés qu’ils ont à traverser. (Veez la porz et les destreiz passages, 741.) Donc, ils sont au pied des Pyrénées ; donc, il ne leur a fallu qu’un jour de marche pour aller de Galne aux Pyrénées ; donc, Galne serait, tout au plus, à une quinzaine de lieues S.-E. du pied des Pyrénées. ═ Or, nous avons déjà placé Cordres à quinze ou vingt lieues N.-O. de Saragosse. Il ne reste plus à préciser que la distance entre Galne et Cordres. Elle doit être peu considérable : car de Saragosse à Roncevaux il n’y a guère, en totalité, que trente ou trente-cinq lieues.

III. Le désastre de Roncevaux a eu lieu dans la Navarre et non dans la Cerdagne. La question a été soulevée par M. d’Avril dans


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