Chanson de Roland/Manuscrit d'Oxford/Laisse LXXVIII/Gautier/994. Armures
Laisse LXXVIII, vers 994
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Étude sur les armures
[116] Une étude spéciale sur les armures décrites dans la Chanson de Roland peut offrir un double intérêt. Elle mettra le lecteur à même de saisir plus aisément mille passages de notre poëme, où il est question de helmes, d’osbercs, d’espiez, de gunfanuns, etc. Sans doute, nous avons essayé de rendre notre traduction claire et limpide pour tout le monde, pour les femmes mêmes et pour les enfants. Mais ils comprendront encore mieux la vieille Chanson, quand nous en aurons expliqué tous les termes difficiles. Une seconde utilité de ce travail frappera davantage les savants : la description de ces armures se rapporte évidemment au temps où fut écrit le poëme, et par conséquent peut servir à fixer cette époque d’une manière plus ou moins précise. — Commençons par décrire l’armure offensive.
1° La pièce principale est l’épée. L’épée est l’arme noble, l’arme chevaleresque par excellence. On est fait chevalier per spatam (comme aussi per balteum, par le baudrier, et per alapam, par le soufflet ou le coup de paume donné au moment de l’adoubement). Mais c’est l’épée qui demeure le signe distinctif du chevalier. ═ L’épée est, en quelque manière, une personne, un individu. On lui donne un nom : Joyeuse est celle de Charlemagne (vers 2989) ; Almace, celle de Turpin (2089) ; Durendal, de Roland (988) ; Halteclere, d’Olivier (1363) ; Précieuse, de l’Émir (3146), etc. ═ Chaque héros garde, en général, la même épée toute sa vie, et l’on peut se rappeler ici la très-longue énumération de toutes les victoires que Roland a gagnées avec la [117]