La Complainte d'outremer
Extrait de : Œuvres complètes de Rutebeuf, Texte établi par Achille Jubinal, Chez Édouard Pannier, 1839, 1 (p. 91-99).
Pour Jubinal ce poème a été composé entre 1264 et 1268.
Sommaire
Le texte
Transcription
Ce texte a été établi en 1839 par Achille Jubinal, chez Édouard Pannier.
La Complainte d’Outre-Mer,
ou
C’EST LA COMPLAINTE D’OUTRE-MEIR[1].
Empereor et roi et conte, Par la paine et par le martire Ha ! rois de France, rois de France, |
Assez de gent sont mult dolant Ainz avoit soi de nous réembre. Ahi ! prélat de sainte Yglise,
|
Ahi ! grant cler, grant provandier, Qui ne volez pas dire .i. siaume Se il vous demande la terre Nus Tancrés[24], ne nus Bauduins ; Cis siècles faut : qui bien fera |
Notes de l'article
- ↑ J’ai fait imprimer cette pièce, ainsi que celle qui suit, avec une notice sur Rutebeuf (Paris, Téchener et Silvestre, 1834). Je disais dans la notice qui précède le texte roman que la date de La Complainte d’Outre-mer me semblait être environ de 1264 à 1268. Rutebeuf y parle en effet de secours demandés par Geoffroi de Sargines : or précisément à cette époque Bibars enlevait l’une après l’autre toutes leurs conquêtes aux chrétiens, dont les chefs ne cessaient de s’adresser aux princes d’occident afin d’obtenir qu’ils vinssent à leur aide. Ce qu’il y a de certain c’est que cette pièce ne peut être postérieure à 1269, puisque Rutebeuf y parle de Geoffroî de Sargines comme commandant encore en Terre-Sainte ; et que ce chevalier mourut le 21 avril de cette même année. (Voyez pour la date de sa mort la note J, à la fin du volume.)
- ↑ Ms. 7633. Var. Hom.
- ↑ Ms. 7633. Var. Eux.
- ↑ Ms. 7615. Var. Nos est estains.
- ↑ Ms. 7615. Var. Démarche.
- ↑ Il y a ici en note dans le Ms., de la main de Fauchet : « Saint Loys et son frère. » (Alphonse.)
- ↑ De soi pour de soif.
- ↑ A guersoi, à ivrognerie, par gourmandise. — Ce mot, qui est composé de 'guère et de soif me semble une raillerie philologique pour désigner l’action de boire beaucoup. C’est ce que prouve un petit poème intitulé De guersay, qu’on trouvera dans mon Recueil de contres et de fabliaux. On rencontre aussi cette expression guersoi dans Le roman du renart.
- ↑ Ms. 7615. Var. Orer.
- ↑ Ms. 7633, 7615. Var. Dévorer.
- ↑ Ms. 7633. Var. Eigue.
- ↑ Allusion à la captivité de saint Louis pendant la première croisade.
- ↑ Ms. 7615. Var. Espargniez. — Calengiez est pris ici dans le sens de défendu, protégé.
- ↑ Giez, liens, attache.
- ↑ Lenge, longe.
- ↑ Ms. 7633. Var. Joffrois de Surgines.
- ↑ C’est-à-dire : d’un étroit linceul.
- ↑ Redéisme, rachat ; le dixième du dixième. — Ce vers et les trois suivants manquent au Ms. 7633.
- ↑ Le Deo gratias.
- ↑ Ms. 7615. Var. D’autre servise.
- ↑ Ms. 7615. Var. S’ensoignent.
- ↑ Ms. 7615. Var. Quant.
- ↑ Angeliers est l’un des héros du cycle carlovingien. Les romans des douze pairs l’appellent toujours Engeler de Gascoigne, li Gascuinz Engelers, ou Angeliers de Bordele (Bordeaux). Il avait pour père Drues de Montdidier, pour mère la première fille d’Aymeri de Narbonne, et pour frères Gaudin, Richier et Sansson. Voici en quels termes nous l’apprend Le roman d’Aymeri de Narbonne (Ms. 2735, Bibl. du Roi, fol. 52, Modèle:2e col.) :
Modèle:FiletDroes de Montdidier
Quatre filz ot qui furent preuz et fier :
L’un fu Gaudin et li autres Richier,
Et li dui autres Sansson et Angelier
Qui tant aidièrent Guillaume le guerrier ;
Crestienté firent mult essaucier.
Selon la Chanson de Roland, il fut tué à la bataille de Roncevaux par un Sarrasin nommé Climborins, qui montait un cheval appelé Barbamusche, et fut vengé immédiatement par Roland, dont l’épée Hauteclère perça d’outre en outre son meurtrier. - ↑ Ms. 7633. Var. Tangereiz. — C’est le chef que nous nommons Tancrède, qui, parti en 1096 pour la croisade, d’après les exhortations d’Urbain IV, avec Bohémond, son cousin, prince de Tarente, eut l’honneur de planter le premier sur Jérusalem l’étendard des chrétiens. On sait quels effets le Tasse a tirés du beau caractère de ce héros dans son immortel poëme. Quant au Baudouin dont parle ici Rutebeuf, c’est, je crois, celui qui était frère de Godefroi, auquel il succéda en l’an 1100 dans la royauté de JérusalemModèle:Refl. Je dis je crois, parce qu’il serait possible, bien que ce ne soit pas probable, que le trouvère eût voulu désigner Baudouin de Sébourg, sur lequel il nous reste un fort beau poëme inédit. Baudouin de Sébourg, qui était cousin de Baudouin Ier, lui succéda en 1118, et mourut en 1131 après s’être rendu cher à ses sujets par son courage et ses vertus.
Modèle:RefaRabelais, dans son livre II, chap. 38, de Pantagruel, où Épistemon raconte qu’il a vu en enfer : « Xercès qui etoit devenu crieur de moutarde, Démosthène vigneron, Fabie enfileur de patenostres, Brute et Cassie agrimenseurs, Trajan pescheur de grenouilles, Antonin lacquais, etc. », fait de Baudouin un marguillier et de Godfroy de bouillon un dominotier. Je serais curieux de savoir ce que le grand extracteur de quintessence aurait fait de Tancrède s’il fût venu à penser à lui : peut-être un preneur de rats, comme du pape Alexandre IV ; un écumeur de marmites, comme du pape Boniface VIII, un vendeur de petits pâtés, comme du pape Jules II.
- ↑ Voyez note N, fin du volume.
Fac-similés
Manuscrit Regius 7218
Voir https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc51085n
Ouvrage de Jubunal
Voir aussi
- Sources