La Complainte d'outremer : Différence entre versions
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Ne gent clergies, ne gent laies, | Ne gent clergies, ne gent laies, | ||
Et Diex vous monsterra ses plaies ! | Et Diex vous monsterra ses plaies ! | ||
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+ | <poem class="verse"> | ||
+ | Se il vous demande la terre | ||
+ | Où por vous vout la mort soufferre, | ||
+ | Que direz-vous ? Je ne sais qoi. | ||
+ | Li plus hardi seront si qoi | ||
+ | C’on les porroit penre à la main : | ||
+ | Et nous n’avons point de demain, | ||
+ | Quar li termes vient et aprouche | ||
+ | Que la mort nous clorra la bouche. | ||
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+ | Ha, Antioche ! terre sainte ! | ||
+ | Com ci a dolereuse plainte | ||
+ | Quant tu n’as mes nus {{sc|Godefroiz}} ! | ||
+ | Li feus de charité est froiz | ||
+ | En chascun cuer de crestien : | ||
+ | Ne jone homme ne ancien | ||
+ | N’ont por Dieu cure de combatre. | ||
+ | Assez se porroit jà débatre | ||
+ | Et Jacobins et Cordeliers, | ||
+ | Qu’il trovaissent nus {{sc|Angeliers}}<ref>''Angeliers'' est l’un des héros du cycle carlovingien. Les romans des douze pairs l’appellent toujours ''Engeler de Gascoigne, li Gascuinz Engelers'', ou ''Angeliers de Bordele'' (Bordeaux). Il avait pour père Drues de Montdidier, pour mère la première fille d’Aymeri de Narbonne, et pour frères Gaudin, Richier et Sansson. Voici en quels termes nous l’apprend ''Le roman d’Aymeri de Narbonne'' (Ms. 2735, Bibl. du Roi, fol. 52, {{2e}} col.) : | ||
+ | {{filet|5}}Droes de Montdidier | ||
+ | Quatre filz ot qui furent preuz et fier : | ||
+ | L’un fu Gaudin et li autres Richier, | ||
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+ | Qui tant aidièrent Guillaume le guerrier ; | ||
+ | Crestienté firent mult essaucier. | ||
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+ | Selon la ''Chanson de Roland'', il fut tué à la bataille de Roncevaux par un Sarrasin nommé ''Climborins'', qui montait un cheval appelé ''Barbamusche'', et fut vengé immédiatement par Roland, dont l’épée ''Hauteclère'' perça d’outre en outre son meurtrier.</ref>, | ||
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Version du 9 décembre 2021 à 22:56
Extrait de : Œuvres complètes de Rutebeuf, Texte établi par Achille Jubinal, Chez Édouard Pannier, 1839, 1 (p. 91-99).
Pour Jubinal ce poème a été composé entre 1264 et 1268.
Sommaire
Le texte
Transcription
Ce texte a été établi en 1839 par Achille Jubinal, chez Édouard Pannier.
La Complainte d’Outre-Mer,
ou
C’EST LA COMPLAINTE D’OUTRE-MEIR[1].

Empereor et roi et conte, Par la paine et par le martire Ha ! rois de France, rois de France, |
Assez de gent sont mult dolant Ainz avoit soi de nous réembre. Ahi ! prélat de sainte Yglise,
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Ahi ! grant cler, grant provandier, Qui ne volez pas dire .i. siaume Se il vous demande la terre ... |
Notes de l'article
- ↑ J’ai fait imprimer cette pièce, ainsi que celle qui suit, avec une notice sur Rutebeuf (Paris, Téchener et Silvestre, 1834). Je disais dans la notice qui précède le texte roman que la date de La Complainte d’Outre-mer me semblait être environ de 1264 à 1268. Rutebeuf y parle en effet de secours demandés par Geoffroi de Sargines : or précisément à cette époque Bibars enlevait l’une après l’autre toutes leurs conquêtes aux chrétiens, dont les chefs ne cessaient de s’adresser aux princes d’occident afin d’obtenir qu’ils vinssent à leur aide. Ce qu’il y a de certain c’est que cette pièce ne peut être postérieure à 1269, puisque Rutebeuf y parle de Geoffroî de Sargines comme commandant encore en Terre-Sainte ; et que ce chevalier mourut le 21 avril de cette même année. (Voyez pour la date de sa mort la note J, à la fin du volume.)
- ↑ Ms. 7633. Var. Hom.
- ↑ Ms. 7633. Var. Eux.
- ↑ Ms. 7615. Var. Nos est estains.
- ↑ Ms. 7615. Var. Démarche.
- ↑ Il y a ici en note dans le Ms., de la main de Fauchet : « Saint Loys et son frère. » (Alphonse.)
- ↑ De soi pour de soif.
- ↑ A guersoi, à ivrognerie, par gourmandise. — Ce mot, qui est composé de 'guère et de soif me semble une raillerie philologique pour désigner l’action de boire beaucoup. C’est ce que prouve un petit poème intitulé De guersay, qu’on trouvera dans mon Recueil de contres et de fabliaux. On rencontre aussi cette expression guersoi dans Le roman du renart.
- ↑ Ms. 7615. Var. Orer.
- ↑ Ms. 7633, 7615. Var. Dévorer.
- ↑ Ms. 7633. Var. Eigue.
- ↑ Allusion à la captivité de saint Louis pendant la première croisade.
- ↑ Ms. 7615. Var. Espargniez. — Calengiez est pris ici dans le sens de défendu, protégé.
- ↑ Giez, liens, attache.
- ↑ Lenge, longe.
- ↑ Ms. 7633. Var. Joffrois de Surgines.
- ↑ C’est-à-dire : d’un étroit linceul.
- ↑ Redéisme, rachat ; le dixième du dixième. — Ce vers et les trois suivants manquent au Ms. 7633.
- ↑ Le Deo gratias.
- ↑ Ms. 7615. Var. D’autre servise.
- ↑ Ms. 7615. Var. S’ensoignent.
- ↑ Ms. 7615. Var. Quant.
- ↑ Angeliers est l’un des héros du cycle carlovingien. Les romans des douze pairs l’appellent toujours Engeler de Gascoigne, li Gascuinz Engelers, ou Angeliers de Bordele (Bordeaux). Il avait pour père Drues de Montdidier, pour mère la première fille d’Aymeri de Narbonne, et pour frères Gaudin, Richier et Sansson. Voici en quels termes nous l’apprend Le roman d’Aymeri de Narbonne (Ms. 2735, Bibl. du Roi, fol. 52, Modèle:2e col.) :
Modèle:FiletDroes de Montdidier
Quatre filz ot qui furent preuz et fier :
L’un fu Gaudin et li autres Richier,
Et li dui autres Sansson et Angelier
Qui tant aidièrent Guillaume le guerrier ;
Crestienté firent mult essaucier.
Selon la Chanson de Roland, il fut tué à la bataille de Roncevaux par un Sarrasin nommé Climborins, qui montait un cheval appelé Barbamusche, et fut vengé immédiatement par Roland, dont l’épée Hauteclère perça d’outre en outre son meurtrier.
Fac-similés
Manuscrit Regius 7218
Voir https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc51085n
Ouvrage de Jubunal
Voir aussi
- Sources