Article Musamat 2022 : Différence entre versions
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Version du 31 janvier 2023 à 16:03
Avec la Chanson de Roland, le numérique pour le bonheur des choristes amateurs et humanistes.
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Cette page wiki introduit la version numérique de référence d'un chapitre pour un ouvrage rédigé dans le cadre du projet Musamat.
- Résumé
- Cet article présente deux bibliothèques numériques (hypertextes) qui ont dans leur public des musiciens amateurs et des mélomanes. Elles ont été créées dans un contexte académique par des chercheurs qui explorent les nouvelles pratiques induites par l'appropriation des outils numériques avancées par les chercheurs. Les outils étudiés sont les wikis sémantiques (sous MediaWiki le moteur de Wikipédia), l'ingénierie XML et les techniques statistico-linguistiques d'exploration de corpus. Ici les chercheurs associés sont des linguistes, des philologues, des archéologues. Il y a bien sur les musicologues qui peuvent valoriser leurs travaux auprès des choristes ou des mélomanes. La première bibliothèque est une collection d'ouvrages déposés dans une encyclopédie sur la musique. La deuxième est un atelier de travail sur la Chanson de Roland et les légendes de Charlemagne. Les philologues y manipulent des ouvrages très hétérogènes par leur nature (manuscrits, partition, éditions critiques, dictionnaires) ou par leurs approches scientifiques.
- Abstract
- This article introduces two digital libraries (hypertexts) whose audience includes amateur musicians and music lovers. They were created in an academic context by researchers who explore the new practices induced by the appropriation of advanced digital tools by researchers. The tools studied are: semantic wikis (under MediaWiki, the Wikipedia engine), XML engineering and statistical-linguistic tools for corpus analysis. The associated researchers include linguists, philologists, archaeologists. The musicologists can promote their work to choristers or music lovers. The first library is a collection of books or articles deposited in an encyclopedia on music. The second is a workshop on the Chanson de Roland and the legends of Charlemagne. The philologists handle very heterogeneous works there by their nature (manuscripts, score, critical editions, dictionaries) or by their scientific approaches.
- Avant-propos
Cet article fait partie des expérimentations menées par le projet Wicri. Il a été initialement rédigé sur le wiki « Wicri/Chanson de Roland » (ce wiki).
Il est également disponible, toujours en format numérique augmenté sur le wiki Wicri/Musique,
Une version pour support imprimé constitue un chapitre d'un livre. Elle est également disponible en PDF (voir à droite).
Le texte des deux versions hypertexte est identique. En revanche les liens sont adaptés à chaque wiki. Par exemple un lien sémantique sur ce wiki peut devenir un lien interwiki sur Wicri/Musique. Dans la version papier les liens importants sont remplacés par des notes en bas de page.
Sommaire
- 1 Introduction
- 2 Avec le projet Wicri, la connaissance scientifique pour la société
- 3 Le projet Wicri, une bibliothèque numérique encyclopédique au service des choristes
- 4 La Chanson de Roland
- 4.1 Deux stages d'étudiants qui révèlent un gigantesque univers numérique
- 4.2 Un corpus riche et varié
- 4.3 Une gigantesque bibliothèque hypertexte
- 4.4 La perspective d'un concert pour organiser le chantier hypertexte
- 4.5 Dialogue avec le compositeur
- 4.6 Pour répondre à la curiosité des choristes et spectateurs
- 4.7 Lire, naviguer, rédiger dans une bibliothèque hypertexte
- 5 Bilan et perspectives
- 6 Conclusion
- 7 Bibliographie
- 8 Voir aussi
Introduction
L'usage du numérique se généralise dans les chorales et leurs associations. Deux usages sont généralement privilégiés par les chefs de chœur : l'apprentissage des choristes et la promotion des concerts.
Les sites web sont alors souvent développés par des informaticiens, amateurs non rémunérés, pour l'apprentissage de chanteurs, amateurs non rémunérés, avec un public souvent composé d'amateurs qui ne payent pas leur entrée. En dépit de cette vision un peu caricaturale, ces sites web sont souvent d'excellente qualité.
Dans le monde du numérique, l'aventure Wikipédia montre qu'un ensemble d'amateurs non rémunérés peut effectivement rivaliser avec des institutions centenaires.
Nous avons voulu tester l'applicabilité des « pratiques wikipédiennes » dans un contexte professionnel, pour diffuser des informations scientifiques complexes et souvent très spécialisées. Pour des raisons de formation et d'expérimentation, nous avons cherché des sujets compréhensibles par un large public. La musique est devenue un thème privilégié pour former des scientifiques. Ils mènent alors des expérimentations numériques dans un domaine où ils sont des amateurs.
Les choristes, même s'ils sont amateurs, savent que la qualité d'une interprétation implique naturellement la compréhension du sens de la pièce chantée. Le texte d'une pièce musicale devient alors un cadre pour introduire, de façon collaborative des commentaires. Dans les cas simples (comme une chanson d'amour), une explication relativement simple peut suffire.
Mais, par exemple, pour les chants religieux, des problèmes générationnels se posent. Quatre-vingt pour cent des plus de 75 ans ont chanté Kyrie Eleison () tous les dimanches. Mais depuis le Concile Vatican II (
) et avec le recul du christianisme cette invocation n'a plus aucun sens intuitif pour les jeunes générations. Le travail de vulgarisation nécessaire à la compréhension des faits religieux peut devenir conséquent.
Dans cet article, nous allons présenter une expérimentation numérique qui associe des stratégies professionnelles avec des pratiques d'amateur.
Plus précisément, nous décrirons la démarche adoptée par projet Wicri qui allie des technologies d'analyse de corpus avec l'écriture numérique. Puis nous montrerons des applications générales sur un wiki dédié à la musique, et notamment pour les amateurs. Enfin nous présenterons une bibliothèque dédiée à l'univers de la Chanson de Roland où la réédition hypertexte d'une œuvre contemporaine (composée par Gilles Mathieu) permet à l'amateur d'explorer un immense paysage, historique, linguistique et... imaginaire.
Avec le projet Wicri, la connaissance scientifique pour la société
Ce travail se déroule dans le cadre du projet Wicri (Wikis pour les communautés de la recherche et de l’innovation) que nous allons rapidement présenter (Ducloy 2019).
Ce projet s'inscrit dans le cadre des missions des universités sur la diffusion de la culture et l'information scientifique. Voici par exemple, sa définition par l'Université de Strasbourg.
- « Sur le socle que constituent la formation et la recherche, l'université place au cœur de ses missions la diffusion de la culture scientifique et technique, et, participant de son ouverture vers la ville et le monde socio-économique, le transfert de technologie et la valorisation. »
Dans cet esprit, les chercheurs de multiples disciplines (musicologie, mais aussi histoire, linguistique, philologie) doivent interagir avec les musiciens et le public amateur.
Le réseau Wicri
Le projet Wicri a démarré en 2008. Notre objectif était de sensibiliser les organismes de recherche aux nouvelles pratiques numériques appliquées à la connaissance scientifique, technique ou culturelle.
Quelques années plus tôt, Wikipédia avait donc bouleversé les pratiques du monde de l'édition en démontrant la puissance d'un réseau d'amateurs. Pour voir comment appliquer cette approche à un milieu professionnel nous avons utilisé MediaWiki, le moteur de Wikipédia.
Dans un contexte régional, nous avons d'abord créé un ensemble de wikis institutionnels pour aider les chercheurs et leurs unités à faire connaitre les retombées de leurs recherches. Puis, rapidement, nous avons développé des wikis sur une base thématique, au départ les sciences du génie de l'environnement. Nous avons alors rencontré des difficultés pour construire un matériel de formation destiné à des contributeurs experts dans des thématiques très spécialisées. En effet, l'analyse des résultats obtenus dans une des branches des sciences du vivant demande souvent des connaissances très pointues (par exemple en génomique). Nous avons donc cherché un domaine d'application plus universel pour monter des programmes de formation pour un public élargi. La musique est ainsi devenue un espace d'expérimentation important pour l'équipe Wicri.
Pour naviguer dans le réseau des wikis, les utilisateurs se repèrent avec des logos qui identifient soit une région, soit une thématique. Une carte (reproduite sur tous les wikis) permet de s'orienter (figure 1).
L'organisation générale est la suivante :
- La première ligne donne accès à des wikis techniques destinés aux contributeurs. On y trouve au centre un logo qui pointe vers le wiki d'accueil du réseau Wicri.
- Les deux lignes suivantes donnent accès à des wikis thématiques (par exemple, la musique avec une clé de sol).
- Les dernières lignes donnent accès à des wiki régionaux.
Les aspects institutionnels peuvent ainsi se décliner à plusieurs niveaux :
- Ville. Nous avons un seul exemple pour l'instant : Nancy. Toutes les chorales du Grand Nancy peuvent y avoir une page de présentation.
- Région. La région est le niveau privilégié pour présenter une université et ses laboratoires. Les chorales pérennes bénéficiant d’une une bonne visibilité peuvent présenter leurs manifestations significatives. A l'heure actuelle, suite à des travaux avec l'espace européen de la Grande Région, les entités concernées (par exemple, le Luxembourg) y ont des wikis déployés sur 3 langues (français, anglais, allemand).
- Pays. Les régions qui n'ont pas encore de wiki propre sont « hébergées » à ce niveau.
- Continents. De même, la plupart des pays sont implantés à ce niveau. Un wiki, créé fin 2022, est dédié à la francophonie. Il héberge une expérimentation sur le Trésor de la langue française (TLF).
Les contributeurs sont inscrits avec un mécanisme de parrainage. Ils peuvent intervenir sur tous les wikis dits communs. Par exemple une chorale présentant un programme sur un wiki régional (exemple Nancy) peut décrire l’œuvre sur le wiki dédié à la musique.
Des wikis peuvent être affectés à des communautés scientifiques (exemple H2PTM pour les colloques de même nom). Ils sont alors gérés par ces communautés qui peuvent ouvrir leur espace à l'ensemble des contributeurs.
Enfin, il est possible d'ouvrir des wikis privés en accès restreint.
Les wikis programmables pour construire et organiser la connaissance
Comme déjà mentionné, ces wikis utilisent le moteur MediaWiki (celui de Wikipédia et de la galaxie des sites de la Wikimedia Foundation).
Un point fort de MediaWiki est la puissance de ses mécanismes de programmation. En effet, des modèles disposant de commandes computationnelles sont directement utilisables par les contributeurs. Ceux-ci deviennent alors totalement autonomes pour développer des environnements très spécialisés. Par exemple, sur Wikipédia, l'ensemble des outils dédiés à la géographie administrative (incluant la cartographie) a été réalisée par un réseau de contributeurs.
Ce mécanisme introduit une contrainte. En effet, les contributions doivent s'expriment avec du wikitexte, ce qui implique un rapport familier avec les codes informatiques. Par exemple pour mettre une expression en italique, il faut l'encadrer par deux paires d’apostrophes. Voici comment coder « Roland récite son mea culpa ».
Roland récite son ''mea culpa''
Une fois passées les premières expériences syntaxiques, le contributeur curieux va découvrir un vaste espace de possibilités. L'étape suivante est la maîtrise des appels de modèle. Voici comment coder « La Neuvième symphonie de Beethoven est une pièce pour Chœurs et Orchestre ».
La ''Neuvième symphonie'' de Beethoven est une pièce pour {{Petites capitales|Chœurs et Orchestre}}
Avec un complément de formation, le contributeur pourra lui-même développer de nouveaux modèles, et par exemple réaliser des bandeaux pour naviguer dans un dossier numérique.
|
Plusieurs mécanismes permettent d'organiser les connaissances sur un wiki.
De façon assez classique pour un documentaliste, les pages peuvent être indexées par des catégories qui vont constituer une arborescence (thésaurus). De façon complémentaire nous utilisons des extensions sémantiques (Semantic MediaWiki) qui permettent une structuration avancée des connaissances.
Voici un exemple[1]. Sur la page décrivant les Noces de Figaro, la première phrase est la suivante :
- Les Noces de Figaro est un opéra de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret de Lorenzo da Ponte. Il est inspiré de la comédie de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro.
Sur Wikipédia, cette phrase serait codée avec des liens simples comme ceci :
'''''Les Noces de Figaro''''' est un opéra de [[Wolfgang Amadeus Mozart]], sur un livret de [[Lorenzo da Ponte]]. Il est inspiré de la comédie de [[Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]], ''[[Le Mariage de Figaro]]''.
Sur Wicri, avec les extensions sémantiques, chaque lien peut être qualifié par un attribut.
'''''Les Noces de Figaro''''' est un opéra de [[A pour compositeur::Wolfgang Amadeus Mozart]], sur un livret de [[A pour auteur de livret::Lorenzo da Ponte]]. Il est inspiré de la comédie de [[A pour auteur cité::Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais|Beaumarchais]], ''[[Le Mariage de Figaro]]''.
Un attribut comme « A pour auteur de livret » peut être introduit et défini à n'importe quel moment par un contributeur. Il peut servir à naviguer sur une propriété et surtout à exprimer des requêtes. Par exemple, la page Lorenzo da Ponte contient le code suivant :
{{#ask:[[a pour auteur de livret::Lorenzo da Ponte]] | format=ul | ?A pour compositeur=compositeur : }}
Le moteur va rechercher ( #ask:
) toutes les pages qui contiennent « [[a pour auteur de livret::Lorenzo da Ponte]]
». Il va éditer une liste à puces (ul
) en mentionnant le compositeur. Voici le résultat :
Une boîte à outil pour explorer des corpus
En complément des wikis sémantiques, le projet Wicri utilise une autre approche technologique : les boîtes à outils XML pour développer des systèmes de recherche d'information spécialisés (nommés serveurs d'exploration). Ils permettent de manipuler de grandes masses d'information scientifique, sous forme de métadonnées ou en texte intégral. En ce qui nous concerne, ces travaux sont déjà anciens (1992 pour les premiers essais).
Par exemple, dans les débuts du projet ISTEX, (son réservoir contenait 22 millions de documents), une requête avec le terme « Mozart » a permis d'extraire 22.000 documents. La plateforme DILIB (nom de cette bibliothèque XML) a généré en quelques heures, un système de recherche d'information doté de protocoles statistiques d'exploration. Par rapport à nos premiers travaux, l'utilisation des wikis sémantiques a permis d'utiliser le wiki comme une interface homme machine très performante.
Sur le wiki « Wicri/Chanson de Roland », deux serveurs sont en cours de développement, un sur la Chanson de Roland et l'autre sur le philologue Paul Meyer.
Rééditions hypertextes, des articles scientifiques au palais ducal de Nancy
Dans la galaxie Wikipédia, la bibliothèque WikiSource offre plus de 350 000 ouvrages libres et gratuits en français. Un ouvrage peut donc être réédité avec MediaWiki. Nous avons donc également travaillé sur la réédition hypertexte de documents de référence. Grâce aux extensions sémantiques nous avons cherché à associer ces documents avec un substrat encyclopédique.
Par exemple, pour organiser l'ensemble informationnel de l'innovation scientifique en Lorraine, nous avons réédité le contrat de plan État Région. Puis, pour modéliser des systèmes de recherche, nous avons réédité des appels à communication de congrès prestigieux dans un domaine donné. Enfin, nous avons réédité des ensembles d'articles scientifiques.
Une action régionale autour de la Renaissance en Lorraine nous a amené à rééditer un ouvrage de 1850 sur le Palais Ducal de Nancy. À partir d’un original en mode « image + OCR » sur Gallica, nous avons notamment montré comment transformer en hypertexte une gravure de fin de volume (fig. 3). Elle contenait des liens, matérialisés par des lettres, qui pointaient vers une vingtaine de paragraphes qui renvoyaient vers des pages du livre.
Cet exemple a inspiré d’autres actions comme le traitement d’un ouvrage, annotée par le philologue Paul Meyer, sur la chanson de Roland.
Dans cet exemple, le texte avec ses annotations numérisées, ont été transcrites en mode wiki (voir par exemple la page page 72 de l'ouvrage annoté).
Le projet Wicri, une bibliothèque numérique encyclopédique au service des choristes
Les choristes amateurs interprètent des œuvres variées qui éveillent leur curiosité mais qui leur posent de nombreux problèmes d'interprétation.
Une première barrière est directement liée à la langue et à ses conséquences immédiates sur la prononciation. Ce problème se règle, parfois difficilement, lors des premières répétitions. Parfois un choriste qui parle couramment la langue en question va pouvoir aider ces collègues. Mais dans certaines situations complexes, par exemple, avec les passages en swahili du Jubilate Deo de Dan Forest, il suffit d'espérer que personne ne comprendra cette langue dans le public...
Dans des situations apparemment plus simples comme des pièces sacrées en latin, la prononciation peut dépendre de la période à laquelle ces œuvres ont été écrites.
Les pages du wiki Wicri/Musique vont donc contenir des extraits de partition mais surtout des textes et des images pour améliorer l'interprétation et répondre à la curiosité des auditeurs.
La musique avec LilyPond
Pour la musique, nous utilisons le logiciel de gravure musicale LilyPond. La musique y est codée dans un langage formel dont la syntaxe rappelle, pour les mathématiciens, celle de TeX. Voici par exemple les premières notes du thème « Au clair de la lune » en si bémol majeur.
\relative c' {
\time 4/4
\key bes \major
bes4 bes4 bes4 c4
d2 c2 }
|
![]() |
Figure 6. Au clair de la lune en Lilypond |
Les notes sont codées par des lettres (comme dans la notation anglaise) en démarrant par le « la ». Elles sont suivies éventuellement d'une altération, puis d'une indication de durée. Ainsi « d2 » désigne un ré sur une blanche ; et « bes4 » désigne un si bémol sur une noire.
Ce logiciel est développé par une communauté internationale dans la dynamique des logiciels libres. Il permet de produire des partitions de haute qualité. Mais, comme pour les wikis, il demande une sensibilité informatique pour manipuler le langage de description.
Dans notre cas, un atout déterminant est son intégration au monde MediaWiki. En effet, une extension permet de l'utiliser de façon coopérative et interactive. Nous avons donc mené réalisé des rééditions d'articles comportant des phrases musicales.
Par exemple, Jean-Jacques Rousseau a écrit un dictionnaire en deux volumes où les exemples sont détaillés dans des planches en fin du deuxième tome. Sur Gallica, pour un terme comme « carillon », le lecteur doit trouver le tome 2, y localiser les planches pour tomber sur la partition reletive à l'article. Sur Wicri/Musique, tout est regroupé sur une seule page En un clic, le lecteur peut consulter dans la souche encyclopédique une biographie d'un horloger cité dans l'article.
Le lecteur amateur peut être dérouté par une clé de sol en première ligne qui n'est plus utilisée.
Sur le wiki, la musique est retranscrite avec une clé plus actuelle et peut être écoutée.
![]() |
Figure 9 - retranscription (avec écoute) de la partition |
Apprendre le solfège avec LilyPond en mode wiki
Nous avons vérifier le mode collaboratif avec une expérience de découverte du solfège.
En 2021, deux stagiaires (niveau L3 MIASHS) ont rejoint l'équipe Wicri sur 2 projets en parallèle. L'un d'eux, (Léonard Braux) possédait des connaissances solfégiques. Nous lui avons donné pour mission de stage un travail d'adaptation, avec des transcriptions de partitions, de la suite de Gilles Mathieu. En revanche, la deuxième, Dalila Ladli, travaillait sur l'histoire de l'information scientifique. Elle n'avait pratiquement jamais travaillé sur une partition lors de sa formation initiale en Algérie.
Pour lui permettre de suivre le travail de son collègue, sachant qu'elle n'avait pas de difficulté avec la manipulation de langages informatique, nous avons tenté une expérience d'initiation au solfège. Nous avons organisé une transcription de deux chansons populaires « Il court, il court le furet » et « j'ai du bon tabac ». Pour la première, Léonard Braux a créé la ligne musicale et nous avons demandé à Dalila Ladli d'aligner les paroles (dans une section addLyrics qui pour l'exemple cité plus haut contiendrait « Au clair de la lu -- ne.
»). Puis, avec notre aide, nous lui avons demandé de s'attaquer intégralement à la deuxième.
Cette expérience s'est déroulé sur environ trois jours, avec environ 4 séances d'un quart d'heure à une demi-heure.
Cet exemple nous a paru très instructif sur l'utilisation potentielle de ce type d'outil qui implique une vision abstraite d'une ligne musicale et de ses contraintes rythmiques. Le fait de pouvoir voir et écouter immédiatement ce que l'on code est ici déterminant.
Les partitions d'apprentissage
Les chorales sont demandeuses d'outils d’apprentissage, voix par voix. Pour une œuvre contemporaine bien imprimée, des solutions très performantes intègrent des mécanismes de reconnaissance automatique de partitions musicales[2].
Cela dit, quand plusieurs lignes musicales sont codées, LilyPond devient très performant pour réaliser des montages, par exemple pour aborder un passage « difficile à mettre en place ». Citons par exemple, des démarrages décalés des voix dans une fugue.
De même, pour des partitions anciennes, LilyPond peut s'avérer une solution très performante, à condition d'être utilisé par un opérateur expérimenté. Ce effet, comme pour l'apprentissage élémentaire cité plus haut, la transcription d'une œuvre complexe permet d'en approfondir sa musicalité, et d'améliorer ses compétences musicologiques (là ou la simple copie d'une partition avec un outil WYSIWYG n'implique pas nécessairement d'approfondissement).
Notons enfin que la croissance des communautés de l'information libre sur le Web donne accès à de très nombreuses sources de partitions. Pour des œuvres libres de droit, des chorales commencent à rendre public leurs documents de travail. Le site ChoralWiki offre environ 40.000 partitions (dont 5000[3] en LilyPond).
Cela dit, sur Wicri/Musique, cette fonction est plutôt une conséquence d'un objectif plus important : faire connaître le contexte musical, historique et linguistique d'une œuvre donnée. La musique ancienne est un domaine particulièrement intéressant de ce point de vue.
Du côté de la Renaissance et des musiques anciennes
Nous avons voulu montrer comment une infrastructure encyclopédique ouvrait des pistes exploratoires parfois imprévues à partir d'une recherche élémentaire.
Par exemple, le dictionnaire du TLF ouvre des portes parfois inattendues. Voici un exemple : pour le terme « Musique » nous avons trouvé une citation qui a joué un rôle de déclencheur :
- Même sans la musique le Victimae pascali laudes est un admirable poème en vers libres (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 250).
Cette citation nous a conduit à rédiger un article sur la séquence Victimae pascali laudes, et une entrée encyclopédique sur Remy de Gourmont. Ces nouvelles pages sont reliées par des liens sémantiques (par exemple « A pour auteur cité » entre l'article musique et Remy de Gourmont.
Nous avons mené des expérimentations sur la Renaissance où nous avons principalement traité des motets ou des chansons. Une telle pièce peut être exposée sur une page wiki[4]. Voici des exemples.
Nous avons traité l'Ave verum de William Byrd, avec naturellement la rédaction de pages d'apprentissage. En même temps nous avons ouvert des portes d'explication. La rédaction d'une page complémentaire sur l'Ave verum corpus grégorien amène à s'interroger sur l'ajout des miserere. Le contexte historique fait plonger dans les origines de la religion anglicane avec par exemple le rejet du latin. L'Ave verum de William Byrd est donc une œuvre chantée dans la clandestinité. L'analyse de la partition montre que les premiers vers sont séparés par des silences. En effet, ils devaient permettre au chœur de se synchroniser avec le rite de la consécration du pain et du vin. Ils ont un sens fondamental dans l'interprétation. Ils sont très visibles dans les partitions anciennes (et pourraient être agrémentées d'un point d'orgue dans une transcription). D'ailleurs nous avons choisi d'illustrer cet article avec une iconographie qui montre un enfant de chœur qui tient une clochette qui devait tinter pendant les silences.
L'examen des partitions anciennes permet d'expliciter la notion de musica ficta (altérations non matérialisées). Voici un exemple avec la chanson « Quand mon mary vient de dehors » () de Roland de Lassus. L'examen des musica ficta a permis de catégoriser deux versions.
Figure 11 - Deux versions avec une altération non signalée dans la première |
La première version a été éditée en 1566 par Adrian Le Roy et Robert Ballard. Le texte est truculent et évoque le comportement agressif d'un vieux mari jaloux d'une jeune épouse. La deuxième est un contrafactum qui a été éditée en 1594 par un éditeur protestant, Paul Marceau. Dans un langage moralisateur elle recommande le travail domestique d'une jeune femme qui a eu la chance d'épouser un honnête bourgeois qui passe son temps dehors. La première version doit être chantée par un musicien professionnel qui doit résoudre les musica ficta. En revanche la deuxième peut être chantée par des amateurs[5].
Irish Mass
Pour les partitions plus conséquentes, l'approche hypertexte permet un large développement de l'ensemble « livret, partitions, apprentissage ». Nous avons réalisé une première expérience avec la messe irlandaise (Irish Mass) de Gilles Mathieu.
Cette pièce reprend les mouvement traditionnels d'une messe musicale chrétienne (Kyrie, Gloria, ...) mais en version irlandaise. Ainsi le Kyrie devient « A Thiarna ». L'ensemble des partitions vocales est transposé et devient un hypertexte à 3 niveaux : une page wiki d'introduction, une page par mouvement, et, pour chaque mouvement, une page par pupitre. Des pages complémentaires donnent des informations complémentaires sur la prononciation ou sur le contexte politique irlandais.
Or Gilles Mathieu a également composé une suite pour orchestre et chœurs SATB (un oratorio profane) sur la Chanson De Roland. Nous avons donc lancé une bibliothèque numérique expérimentale pouvant accueillir des œuvres aussi particulières que l'ouvrage annoté par Paul Meyer ou l'oratorio de Gilles Mathieu.
La Chanson de Roland
Le 15 aout 778, de retour d'Espagne, Charlemagne perd son arrière-garde, tombée, à titre de représailles, sous le feu des troupes des seigneurs basques dont il a attaqué les possessions. Lors de la bataille de Roncevaux, l'arrière-garde est écrasée, provoquant la mort de nombreux braves de l'entourage de Charlemagne, dont celle de Roland, préfet de la Marche de Bretagne. Ce fait d’armes a inspiré des cantilènes, des récits et une chanson de geste, la Chanson de Roland. Ce poème épique a été déclamé dans toute l’Europe par des jongleurs et des troubadours. Quelques manuscrits ont survécu et font l’objet d’une abondante production littéraire depuis le XIXe siècle.
Deux stages d'étudiants qui révèlent un gigantesque univers numérique
Un manuscrit fondamental a été découvert en 1837 par Francisque Michel à la bibliothèque Bodléienne d'Oxford. L'ouvrage de celui-ci annoté par Paul Meyer (et cité plus haut) apparait donc fondamental pour les investigations sur les légendes de Charlemagne. Or ce manuscrit est depuis une dizaine d'années disponible sur le web (et notamment sur Wikimedia Commons).
En 2021, nous avons donc saisi l'opportunité de deux stages d'étudiant pour lancer une première étude sur la réédition complémentaire de l'oratorio de Gilles Mathieu avec l'ouvrage du fonds Paul Meyer, en utilisant le manuscrit comme élément médiateur.
En fait, ces deux stages d'étudiants ont fait émerger un vaste champ d'investigation dans le domaine des humanités et bibliothèques numériques.
A ce niveau, il est utile de préciser que les porteurs du projet Wicri, n'avaient aucune érudition dans la culture historique et éditoriale du Moyen Age (de vagues souvenirs de cours élémentaires suivis distraitement). Nous avons donc abordé ce sujet avec des comportements d'amateurs qui explorent un paysage historique.
Un corpus riche et varié
Les évènements liés à la Chanson de Roland (et aux légendes de Charlemagne) se situent à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe siècle.
Une des première bibliographie a été rédigée en 830 (environ) par Eginhard en latin. Les copies disponibles datent du XIe siècle. La Chanson de Roland est généralement datée du XIe siècle. Elle été maintes fois transcrite et une dizaine de manuscrits autour du XIIe siècle, avec différents niveaux de langues, et des traductions (par exemple en allemand). Elle fait partie d'un ensemble de 27 chansons de gestes nommé « le cycle de Charlemagne ». La plupart des personnages de la Chanson de Roland se retrouvent dans les autres chansons. Ainsi leurs histoires se complètent et s'expliquent.
La base de la bibliothèque numérique est donc un ensemble de centaines de manuscrits qui couvrent six siècles de littérature. Plus précisément quelques manuscrits doivent être traités dans leur intégralité (par exemple celui d'Oxford). Les plus importants doivent être signalés avec quelques extraits explicités.
Ces légendes se sont développées pendant plusieurs siècles et ont donné lieu à des récits parfois très populaires (dans la bibliothèque bleue par exemple). En musique un poème du XVIe siècle, Orlando furioso, a été une source d'inspirations pour des compositeurs comme Lully, Vivaldi, Haendel ou Charpentier.
Au XIXe siècle, notamment dans la dynamique de l’École des Chartes, tous ces manuscrits ont été transcrit, traduits, étudiés et commentés (autour de Francisque Michel, Léon Gautier, Paul Meyer, Gaston Paris). Cette activité s'est poursuivie au XXe siècle avec par exemple Joseph Bédier et la suite de la revue Romania.
Cette thématique donne lieu à une importante activité de recherche. Par exemple, nous avons développé un serveur d'exploration à partir de 3000 articles sur ISTEX (dont près de 200 publications du Royaume Uni, puis 175 des Etats-Unis). Une recherche sur Google Scolar donne 30.000 articles ou citations.
Les sujets d'investigations sont variés, historiques, linguistiques, éditoriaux, musicaux ou légendaires.
Une gigantesque bibliothèque hypertexte
En pratique, une chanson de geste est un ensemble de vers regroupés en couplets (généralement appelés laisses).
Plus précisément, un manuscrit est un ensemble de vers qui sont, d'une part, répartis sur un ensemble de feuillets recto verso, et d'autre part regroupés en laisses. Une laisse contient des vers en assonance et commence, en principe, par une lettrine. Dans le manuscrit d'Oxford, une laisse se terminent généralement par une mention mystérieuse « [Aoi] ». Une laisse peut être à cheval sur 2 pages.
L'ouvrage de Francisque Meyer suit rigoureusement, pensions-nous, la composition du manuscrit. Il est organisé autour des laisses qui sont traitées dans leur intégralité.
De son côté, Gilles Mathieu a organisé son oratorio autour de quelques laisses (une cinquantaine) dans lesquelles il a extrait quelques vers. De plus ces vers sont regroupés dans une dizaine de mouvements.
Au début du stage, nous avions donc imaginé de faire une association « relativement simple » entre :
- les phrases musicales de l'oratorio,
- les laisses correspondantes dans le manuscrit,
- et leurs transcriptions dans l'ouvrage de Francisque Michel.
Or Gilles Mathieu était parti d'une autre transcription (Léon Gautier). Les amateurs, que nous étions, ont démarré la travail sans rencontrer de problèmes particuliers pour les premières laisses. Et puis rapidement nous avons avons été confrontés à des problèmes d'alignement.
En effet, dès que l'on cherche à aligner plusieurs ouvrages primaires (transcription) avec un manuscrit, les divergences de numérotation deviennent omniprésentes. Ainsi la dernière laisse est numérotée CCXCI chez Roland Bédier, CCXCIII chez Edmund Stengel, CCXCVI chez Francisque Michel et CCXCVII chez Léon Gautier. En effet, le contenu de certaines laisses pose des problèmes d'interprétation.
Par exemple le feuillet 43 verso ne contient ni lettrine, ni mention AOI, mais est visiblement une charnière dans le récit. Il contient un vers de transition entre la partie dédiée à la mort de Roland et celle qui est dédiée au retour de Charlemagne :
- Morz est Rollant, Deus en ad l’anme es cels. [6]
Or elle ne contient ni lettrine, ni mention AOI. En revanche un point apparait sur le manuscrit.
Les médiévistes ont des interprétations divergentes. Bédier et Gautier considèrent ce vers comme le début d'une nouvelle laisse. Michel en fait la fin de la précédente et Stengel propose une version sans changement de laisse (et donc avec un décalage dans la numérotation). Chaque philologue travaille donc sur une modélisation du manuscrit qui lui est propre. Un manuscrit engendre donc un hypergraphe qui se démultiplie pour chaque édition critique ou transcription.
Or le manuscrit d'Oxford est le plus prestigieux d'un ensemble d'un dizaine d'autres manuscrits qui engendrent le mêmes démultiplications. Nous avons mentionné plus haut les diverses chansons qui font écho à la Chanson de Roland et qui elles aussi font l'objet de plusieurs manuscrits et de multiples analyses.
La simple navigation au sein des interprétations des couplets des légendes de Charlemagne demande déjà la réalisation éditoriale d'un vaste hypertexte. Mais, pour répondre aux besoins des amateurs il faut encore aller plus loin... En effet, une fois compris le contexte d'un couplet comment arriver à savoir comment prononcer et interpréter les simples mots d'un vers donné ?
La réponse est partiellement donnée dans les notes, glossaires et tables des matières des éditions critiques. L'édition critique de Léon Gautier (1872) est édifiante de ce point de vue. Elle est constituée de 2 volumes de plus de 500 pages.
- Les 297 laisses (avec leur traduction) occupent 325 pages du premier tome.
- Cette partie est précédée d'une introduction historique de 200 pages. Pour être compréhensible par un lecteur du XXI siècle, chaque page doit être enrichie par une dizaine de renvois dans un partie encyclopédiques (un hypertexte alphabétique).
- Plus d'un millier de notes explicatives (vers par vers) sont reportées dans le deuxième tome sur 275 pages. Pour le rendre lisible en numérique par un amateur cet ensemble doit être « hypertextualisé », vers par vers.
- Un glossaire de plusieurs milliers d'entrées est réparti sur 200 pages. Il convient d'en faire un hypertexte pour chaque mot du manuscrit.
- Une table des matières de 40 pages doit également subir une transformation hypertexte.
Faut-il entreprendre un tel travail de façon exhaustive et le répéter pour chaque édition critique ?
- Pour des professionnels de l'édition une réponse par oui à cette question implique le lancement d'un projet de dizaines d'hommes années.
- En revanche, les chercheurs et les amateurs peuvent s'attaquer à un sujet en intégrant leurs actions dans un paysage hypertexte suffisant pour interpréter un problème rencontré, mais très partiel dans la complétude du wiki.
La perspective d'un concert pour organiser le chantier hypertexte
Face à la question posée précédemment, l'oratorio de Gilles Mathieu porte sur un peu plus d'une centaine de vers dans un manuscrit. Il rend humainement possible une expérience en vraie grandeur de cette construction hypertexte.
Cette suite musicale a déjà été interprétée par la Chorale Universitaire de Nancy en 2009. L'ensemble des partitions de l'auteur est donc suffisant pour qu'un concert soit possible.
La question posée à ce niveau est donc : comment améliorer les conditions de travail pour un nouveau projet musical d'un ensemble amateur ?
La réponse la plus intuitive est de fournir des documents de travail aux choristes. La possibilité d'inclure des séquences musicales audibles avec l'extension LilyPond de MediaWiki permet de résoudre ce premier besoin. La vision hypertexte va cependant amener à organiser ces ressources en relation avec la colonne vertébrale de l'hypertexte : l'ensemble des laisses.
Nous avions aussi à faire le même type de travail avec l'édition annotée par Paul Meyer.
Avant de nous lancer dans une approche amateur dans la transcription parfois illustrée ou commentées des phrases musicales, nous avons du passer par une étape de « production industrieuse » : une analyse complète du manuscrit pour trouver une organisation (en fait une nouvelle numérotation) compatible avec celles des diverses transcription.
Ce travail de renumérotation offre des retombées très intéressantes pour les actions de recherche en philologie, par exemple l'alignement entre les transcription de Francisque Michel et celle de Léon Gautier.
La collaboration entre des actions de recherche et des exercices d'amateur se relève ici bénéfique.
Mais la perspective d'un concert permet d'aller encore plus loin.
Dialogue avec le compositeur
En effet, l'approche wiki offre des espaces de dialogue.
Nous avons notamment créé un espace d'échange avec Gilles Mathieu, le compositeur. Par ailleurs informaticien à l'INSERM, il applique dans son activité musicale les recommandation du libre accès à l'information scientifique.
Ceci ouvre une nouvelle possibilité : un travail avec le compositeur dans des conditions collaboratives.
Une nouvelle contrainte est introduite. En effet, une nouvel ensemble de partitions doit pouvoir être très rapidement imprimé. Nous avons donc entrepris la transcription de toutes les partitions en LilyPond. Ce travail est en cours.
Au delà des partitions, l'interprétation ouvre de nouvelles pistes et notamment la compréhension du contexte dans la vision du compositeur. Voici un exemple. Dans le début de l’œuvre, Marsile, l'émir de Saragosse, demande conseil. Il lui est répondu d'envoyer une délégation vers Charlemagne par une interjection « Mandez Carlun ». Cette réponse est formulée par le pupitre alto. Compte tenu du rôle fondamental de cette interjection, j'avais interrogé le compositeur sur la consigne mezzo forte qui me paraissait un peu faible. il ma été répondu qu'il s'agissait de la réponse d'un conseiller à son roi qui ne peut être que suggérée, et ici, d'autant plus qu'il s'agit de piéger Charlemagne.
La compréhension du contexte est donc fondamentale pour l'interprétation.
Pour répondre à la curiosité des choristes et spectateurs
Au delà des exercices et des éléments de compréhension nécessaires à l'interprétation, le thème de l'oratorio ouvre un immense paysage culturel et musical. Voici quelques exemples.
Un besoin immédiat est d'offrir une version pédagogique. Le site étant en accès public, nous sommes contraints de rééditer des ouvrages en accès public. Nous avons choisi une version dite « grand public » publiée par Léon Gautier (Gautier 1895) et destinée selon lui : à l'adresse du vrai peuple, des femmes et des enfants. Les versions précédentes étaient d'abord destinées à ses collègues et élèves de l'école des Chartes, puis aux classes de seconde. Mais il était aussi destiné à un public qui apprenait le latin parlé dans les églises le dimanche et qui avait une culture littéraire totalement différente d'un choriste amateur en 2023.
Il faut donc développer la partie encyclopédique, en fonction des difficultés rencontrées dans une logique globale difficilement planifiable.
Cet ouvrage pédagogique insère également des laisses qui viennent d'autre manuscrits que celui d'Oxford. Ceci nous a conduit à les introduire dans l'hypertexte.
L'ouvrage pédagogique de Léon Gautier contient 40 pages d'introduction historique et 45 pages dites d'éclaircissements qui citent par exemple toutes les Chanson de Geste du cycle de Charlemagne et un grand nombre d'éditions critiques.
Les mouvements sont découpés en séquence musicales limitées pour être alignés sur les pages dédiées aux laisses du manuscrit. Celles-ci sont aussi utilisables par les philologues ou les linguistes. Chaque terme est décrit dans des glossaires qu'il faut synthétiser. Les besoins des choristes amènent à traiter en priorité les mots qui peuvent introduire des faux sens en interprétation.
Enfin, pour clore cette liste d'exemples, une des question souvent posée est : la Chanson de Roland a-t-elle inspiré d'autres poésies ou d'autres œuvres musicales. Du côte des poésies, nous avons réédité deux chapitres des la Légende des siècles de Victor Hugo. Pour la musique, nous avons donné des extraits d'un opéra de Mermet (Roland à Roncevaux) qui a été composé en 1864. Le dictionnaire des opéras (1881) décrit ainsi le style appels fréquents de trompettes, une marche guerrière donnent le ton général de l'ouvrage. Plus complexe à commenter, le poème Orlando Furioso a inspiré de multiples opéras dont Roland est bien le héros mais qui n'ont pas grand chose à voir avec le Roman de Roncevaux.
Nous mettons à la disposition des amateurs un gigantesque hypertexte où des livres sont découpés et réassemblés dans un espace commun.
Or le public, même avec une tablette de lecture, est habitué, depuis plusieurs millénaires à lire des améliorations d'un support ancien nommé codex. Au départ, il s'agissait simplement d'un rouleau découpé en pages et réassemblé pour former un livre (ou un fichier Word ou un PDF). Le texte conçu de façon linéaire pouvait être complété par des dispositifs d'accès rapide à partir de numéros de pages (table des matières, glossaire etc).
Dans un wiki simple, les mécanismes de de navigation sont parfois plus simples quand le numéro de page est remplacé par un lien. Mais ici les glossaires, ou même les laisses, sont partagés entre un grand nombre d'ouvrages. La notion même de document peut disparaître comme par exemple dans les pages wikis, où pour une liasse donnée on donne différentes traductions ou des notes de bas de pages extraites de plusieurs éditions critiques.
En fait deux publics doivent cohabiter.
Dans les bureaux de l’École des Chartes, chaque philologue ou historien disposait d'une bibliothèque contenant des ouvrages annotés et de tiroirs où ils déposaient des notes manuscrites. Sur le wiki, tout se passe un peu comme s'ils mettaient tout en commun sur une immense table. Mais leur érudition leur permet de se frayer un chemin.
Le public amateur a besoin d'être guidé et il faut lui aménager des chemins balisés de difficulté croissante.
En fait un des défis exploré par le projet Wicri/Chanson de Roland est de voir comment la rédaction d'articles pour les amateurs peut amener les professionnels à approfondir leurs travaux de recherche.
Une grande partie du travail rédactionnel ou de recherche peut être mené par des amateurs, éventuellement incompétents au départ mais qui vont pouvoir se former au fur et à mesure des actions. Cette situation est proche de celle des chorales d'amateurs, avec un chef éventuellement amateur. Attention amateur ne veut pas dire incompétent. Le chef de chœur doit avoir le même niveau de compétence que celui d'un professionnel pour que la chorale puisse interpréter des œuvres complexes. Les apprentissages seront plus rapides et les interprétations seront meilleures si la chorale dispose d'un noyau de passionnés qui se forment en solfège ou en technique vocale.
Les même problèmes se posent dans les infrastructures numériques où là présence d'experts de haut niveau est absolument indispensable dans la vie du projet. Ses performances seront nettement améliorées si les amateurs suivent des chemins de formations pour devenir à leur tour experts de l'écriture numérique ; comme les chorales savent s'appuyer un un noyau de chanteurs qui acquièrent des compétences professionnelles.
Bilan et perspectives
Le projet Wicri s'appuie sur l'expérience de Wikipédia, qui dépend de la Wikimedia Fundation dont les éléments de croissances sont donnés par le graphe si dessous :
Avec un chiffre d’affaires qui dépasse maintenant les 150 millions de dollars son profil se rapproche alors des GAFAM où l'anonymat des contributions génère des dérives de plus en plus inquiétantes. Nous étudions (au sens preuve de concept) la faisabilité d’une diversification de l’offre de connaissance scientifique.
Aspects techniques
Pour des raisons que nous ne souhaitons pas analyser ici en profondeur le projet Wicri ne bénéficie que d'un soutien institutionnel très limité. Les moyens humains sont donc limités à un retraité, et parfois, quelques stagiaires. Les résultats concrets démontrent la puissance technique l'approche « wikis sémantiques + ingénierie XML ».
Le réseau contient actuellement 150 wikis. Voici quelques chiffres pour 4 d'entre eux :
Tableau 1 – Indices de production sur les wikis (janvier 2023) | ||||
Pages wiki[7] | Avec contenu[8] | Modifications | Sémantique[9] | |
Musique | 4292 | 1398 | 10734 | 51351 |
Chanson de Roland | 8 039 | 2 456 | 37 178 | 35 481 |
Histoire de l'IST | 1843 | 456 | 3823 | 36303 |
Santé | 3527 | 629 | 12173 | 28774 |
Ces chiffes révèlent une importante productivité.
Cela dit, la volumétrie visée par un tel site est considérable. Par exemple, le glossaire d'une édition critique de Léon Gautier représente environ 3 000 entrées. Son traitement demande la création d'autant de pages wiki. Un ouvrage de synthèse comme celui de Joseph Duggan contient 2940 pages en trois volumes. Sa réédition en hypertexte demanderait environ 10 000 pages wiki.
La wiki Wicri/Chanson de Roland est une bonne base de travail mais pour devenir un site de référence, il faut viser au moins 50000 pages. La perspective, même hypothétique d'un concert devient un cadre précieux pour focaliser les contributions sur un premier ensemble de 15000 pages.
Aspects rédactionnels, formation, accompagnement
L'approche wiki permet de diffuser très rapidement des premiers résultats, même inachevés. L’intérêt très clair : des non-spécialistes de la technologie bénéficient ainsi d’un substrat concret sur lequel ils peuvent immédiatement travailler. Avec quelques sénaces de formation, un expert de la musicologie, un linguiste, ou un médiéviste, peut rapidement contribuer sur un sujet sans avoir à passer par la technique.
Le revers de cette médaille est la gestion de l'incomplétude qui devient un problème omniprésent. Dans le wiki sur la Chanson de Roland, la volumétrie est déjà consistante. Une amélioration minime sur le contenu des laisses (qui demanderait par exemple 2 minutes par action) peut se traduire par des dizaines d'heures de travail. Cela dit, Wikipédia rencontre des problèmes analogues et sait les traiter en organisant des chantiers (ou en programmant des robots). Le même type d'approche doit pouvoir se dégager ici.
Nous avons souvent évoqué plus haut la cohabitation de plusieurs publics. Cet exercice est un exemple des contraintes qui amènent à revisiter l'activité de rédaction. Avant même le codex, l'écriture dans un rouleaux est une activité relativement linéaire. Dans un hypertexte, il faut penser écriture parallèle (un peu comme pour une fugue). Dans un autre article nous avons évoqué les difficultés liées à l'intégration de modules de code (comme pour l'exemple donné plus haut avec la requête sémantique ASK).
Autrement dit, les premières contributions sur un wiki donnent un sentiment de simplicité parfois trompeur. Pour prendre une comparaison une première leçon de piano permet le début de « au clair de lune ». En revanche, il faut des années de formation pour interpréter une œuvre complexe (ou pour composer un opéra).
Cela dit, les wikis offrent de nombreux outils permettant d'assurer une assistance aux contributeurs débutants. Nous avons de nombreux exemples d'encadrement de stagiaires de formation assez variées. En quelques jours, ils sont capables de réaliser des contributions simples (comme par exemple corriger des documents bruts de procédé de reconnaissance de caractères (OCR). En quelques semaines ils sont autonomes pour des actions d'indexation en utilisant une ontologies préexistante.. En quelques mois ils sont autonomes pour réaliser des applications comme une revue numérique à condition de pouvoir bénéficier d'une assistance de haut niveau technique.
Cette assistance doit être déployée pour chaque spécialité. Par exemple, en musique, nous avons donné un exemple avec le logiciel LilyPond où il est possible de recopier une ligne musicale au bout de quelques jours. En revanche, le traitement d'une œuvre complète comme Irish Mass ou L'oratorio de Gilles Mathieu demande une solide formation solfégique et une formation à l'utilisation de l'outil.
Aspects institutionnels
Comme rappelé en début de cette section, nous étudions la faisabilité technique d'une une solution alternative à Wikipédia. Sa mise en œuvre demande naturellement un déploiement d'un réseau de coopération et un soutien logistique. Le simple besoin d'assistance des chercheurs demande par exemple la présence de learning centers dans les bibliothèques universitaire avec une solide (en termes de compétences et non de charge de travail) assistance technique. Pour le projet Wicri, la simple migration de l'url du projet (Loria, puis INPL, et maintenant istex) montre que nous n'avons pas encore réussi à convaincre au niveau lorrain.
Nous avons connu le même type type de blocage avec l'approche boîte à outils SGML sur laquelle nous avons publié en 1991 (Ducloy 1991). Sur son site la BNF se réfère à la mutation de la Bibliothèque du Congrès en 2001[10], comme point de départ de ses travaux avec cette approche. Concernant, l'approche Semantic MediaWiki, nous avons publié en 2010 au niveau international (Ducloy 2010). Dans le monde des musées, aux USA, les Smithsonians institutions bénéficient d'une expérience de quelques années (Shieh 2022). En France, la BnF publie sur l'utilisation de ce type d'approche (Boulet 2022)[11]. L'EHESS commence visiblement à intégrer une démarche voisine de celle que nous utilisons ici (Duménieu 2022).
Les réticences au changement sont de nature assez différente. Dans le cas de l'ingénierie XML, les services informatiques des unités de soutien à la recherche avaient sous-estimé les difficultés liées au traitements des données bibliothéconomiques (norme ISO 2709) ou au passage au contenu dans les publications scientifiques. Ils restaient donc relativement bloqués sur une utilisation dogmatique des SGBD relationnels. Mais ce changement d'ingénierie concernait assez peu les utilisateurs.
Sur un wiki, comme Wikipédia, les contributions sont libres au départ, basées sur la confiance, et éventuellement modérées ensuite. Les institutions publiques ont généralement des protocoles basés sur la validation a priori. Ceci est particulièrement vrai dans les services opérés par les universités ou les pratiques de management sont donc bouleversées. Pire encore, l'expérience Wicri montre qu'un chercheur de toute discipline (y compris la musicologie) peut devenir totalement autonome en s'appropriant une maitrise avancée du numérique (comme les alchimistes sont devenus chimistes en maitrisant les systèmes d'équations différentielles). Dans un système où les luttes internes sont omniprésentes, cette indépendance est souvent très mal perçue.
Mais un chercheur en musicologie peut faire un chemin similaire à l'informaticien , comme Gilles Mathieu par exemple, qui s'approprie les pratiques de direction d'orchestre et de composition.
Conclusion
Pour le TLF la première définition de l'amateurisme est : Qualité de celui, celle qui manifeste un goût de prédilection pour quelque chose (notamment pour l'art).
Dans le monde du numérique, de 1965 à 1970, les enseignements informatiques étaient quasi inexistant. De très grandes réalisations comme le dictionnaire TLF, le réseau Cyclades ou la création des bases Pascal et Francis ont été réalisées par des ingénieurs généralistes. Ils étaient au départ totalement ignorants des technologies qu'ils devait utiliser mais qu'ils ont maitrisé grâce au ma même type de passion que celle des amateurs en musique.
Dans le cadre d'un programme de recherche sur les humanités numériques, nous avons lancé un chantier autour de la musique, ouvert aux musicologues et aux amateurs. Au delà de la musique, pour les choristes curieux, le plaisir de chanter ensemble peut se démultiplier par la découverte d'un immense paysage culturel humaniste entrouvert par un œuvre musicale.
Bibliographie
[Boulet 2022] ↑ Boulet Vincent, (2022). How to build an «Identifiers’ policy»: the BnF use case. JLIS. it, 2022, vol. 13, no 1, p. 177-184.
[Ducloy 1991] ↑ DUCLOY, Jacques, CHARPENTIER Patricia, FRANÇOIS Claire, GRIVEL Luc (1991) - "Une boîte à outils pour le traitement de l'information scientifique et technique", Génie logiciel et systèmes experts, nº 25, pp 80-90, Paris.
[Ducloy 2010] ↑ Ducloy, Jacques, DAUNOIS Thierry, FOULONNEAU Muriel, HERMANN Alice, LAMIREL Jean-Charles, SIRE Stéphane , THOMESSE Jean-Pierre , VANOIRBEEK Christine (2010). Metadata for WICRI, a Network of Semantic Wikis for Communities in Research and Innovation, DC 2010, Pittsburgh.
[Ducloy 2019] ↑ DUCLOY, Jacques, et al. (2019), Systèmes d’information encyclopédiques édités par les scientifiques, Revue ouverte d’ingénierie des systèmes d’information, 1, 2019
[Duménieu 2022] ↑ Duménieu Bertrand, et al. (2022). Un wiki sémantique pour l’édition scientifique d’une correspondance du xixe siècle, Humanités numériques, vol. 6, 2002
[Duggan 2005] ↑ DUGGAN, Joseph, (2005). La Chanson de Roland. The Song of Roland. The French Corpus, Joseph J. Duggan, General Editor, Turnhout, Brepols, 2005
[Gautier 1895] ↑ Léon Gautier, (1895). La chanson de Roland, Traduction, précédée d'une introduction et accompagné ed'un commentaire, par Léon Gautier. 22. éd. Ed. populaire, illustrée par Olivier Merson, Chifflart, Ferat et Zier.
[Shieh 2022] ↑ Jakie Shieh, (2022). Smithsonian Libraries and Archives & Wikidata: Using Linked Open Data to Connect Smithsonian Information.
Voir aussi
- Notes
- ↑ Cet exemple est développé sur Wicri/Musique. Les liens contenus dans cette fin de paragraphe vont pointer sur ce wiki.
- ↑ Nous n'avons pas réalisé d'études comparatives pour en dire plus dans cet article.
- ↑ Chiffre obtenu par la requête lilypond site:cpdl.org sous Google
- ↑ avec éventuellement quelques extensions notamment pour les partitions d'apprentissage.
- ↑ Cette explication a été donnée par Jacques Barbier lors des journées Musamat
- ↑ Roland est mort ; Dieu a son âme dans les cieux.
- ↑ Toutes les pages sont comptées y compris les modèles
- ↑ Ne sont comptées ici que les pages de l'espace principal ayant au moins quelques lignes
- ↑ Cette colonne donne le nombre de liens hypertextes catégorisés ou sémantiques
- ↑ https://www.bnf.fr/fr/marc-en-xml, consulté le 30 janvier 2013
- ↑ Il s'agit en fait d'une solution de production associant MediaWiki et WikiBase.
- Dans le réseau Wicri :
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Cet article est recopié sur le wiki Wicri/Musique.