Allons, Enfants de la Patrie (1920) Richepin/Le Clairon de Sidi-Brahim

De Wicri Chanson de Roland

Cette page introduit un poème de Jean Richepin.

Le poème

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0 brave Rolland, c'est naguère
Que tu mourus ! Dans la grand'guerre
Où tombaient tant de nos guerriers
Ta fin ne fit pas grand tapage.
Splendide pourtant fut ta page,
Humble clairon des vitriers.

On devrait l'apprendre à l'école
Plutôt que le tambour d'Arcole.
Même, auprès de toi, ce n'est rien
Le fameux Régulus de Rome.
D'ailleurs, ton histoire, bonhomme,
Tu la contais si bien, si bien!

Mais qu'importe! Elle vit, ta gloire;
Et pour sonner la goutte à boire,
Quand les vitriers vont au feu,

C'est ta marche que leur fanfare
Joue à l'ennemi qui s'effare,

Et Rolland est là, plus qu'un peu.

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Notes de l'auteur

« Une compagnie de chasseurs d'essai, constituée en 1837 à Vincennes, devint bataillon provisoire de chasseurs à pied en 1838 ; l'année suivante, ce corps prend le nom de bataillon de tirailleurs.

« Le i" novembre 1840, il est formé neuf nouveaux bataillons de chasseurs à pied. Ces bataillons sont à neuf compagnies dont une de carabiniers; ils reçoivent, en 1842, le nom de chasseurs d'Orléans.

« Les Ier, 3", 5", 6e, 7e, 8e, 9" et 10" bataillons combattent en Algérie sous le règne de Louis-Philippe. « Après l'extermination par les Arabes de la colonne Montagnac, composée d'un escadron du 2" hussard et de 35o chasseurs à pied du 8e bataillon, le 23 septembre 1845, la compagnie de carabiniers de ce batail- lon, bloquée dans le marabout de Sidi-Brahim, résiste pendant trois jours à toutes les attaques. Le capi- taine Dutertre, blessé et prisonnier de l'émir, envoyé par lui pour obtenir la reddition de ces braves, les encourage à se défendre jusqu'à la mort; il a aussitôt la tête tranchée sous les yeux de ses frères d 'armes. A bout de vivres et de munitions, les chasseurs tentent de se faire jour : treize hommes seulement y par- viennent... » (Commandant SAUREY, la France en campagne.)

Le clairon Rolland fut un des héros de Sidi-Brahim, et peut-être le plus populaire.

Né en Auvergne, il y mourut, en 1915, officier de la Légion d'honneur.

Il racontait fort simplement son héroïque exploit : devant les cadavres décapités de Dutertre et de ses camarades, l'émir lui fit remettre son clairon en lui ordonnant, sous peine de la vie, de sonner « Cessez le feu ».


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