Histoire naturelle (Buffon)/Tome 6/Le chevreuil/Description

Georges-Louis Leclerc de Buffon Histoire Naturelle (1749) I - II - III  / Mammifères : IV - V - Tome VI - VII - VIII - IX - X - XI - XII - XIII - XIV - XV Oiseaux : XVI - XVII - XVIII - XIX - XX - XXI - XXII - XXIII - XXIV / / XXV - XXVI - XXVII - XXVIII - XXIX XXX - XXXI - XXXII - XXXIII - XXXIV - XXXV - XXXVI / / XXXVII - XXXVIII / / P I - P II - P III - P IV - P V / / C / / F 1 - F 2 / / PE

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Cette page reprend l'article relatif au chevreuil et rédigé par Daubenton dans le tome VI de l'Histoire Universelle.

Le début en version texte

Description
du Cheveuil

[213]

Le nom du chevreuil et celui de la chevrette donneraient une fausse idée de ces animaux, si on croyait qu’ils eussent plus de rapports avec les boucs et les chèvres qu’avec aucun autre animal, parce que leurs noms sont dérivés de celui de la chèvre. Il est vrai que le chevreuil et la chevrette ruminent, qu’ils ont le pied fourchu comme le bouc et la chèvre, et qu’ils sont à peu près de la même grandeur ; mais le chevreuil porte un bois comme le cerf, et non pas des cornes comme le bouc : cette différence est essentielle, et rend le chevreuil beaucoup plus ressemblant au cerf, au daim, au renne et à l’élan, qu’au bouc, et à aucun des autres animaux qui ont des cornes ; quoiqu’il s’en trouve plusieurs parmi ceux-ci qui sont à peu près de la même taille que le chevreuil, tandis que les quatre autres sont plus grands.

Le chevreuil est beaucoup plus petit que le cerf, mais il lui ressemble plus qu’à tout autre animal, par la conformation des parties extérieures et intérieures. Le cerf et le chevreuil diffèrent moins entre eux que des animaux de même espèce, tels que les chiens barbets et les danois, et même que les grands et les petits barbets, ou les grands et les petits danois. Cependant le chevreuil n’a point de larmiers comme le cerf, et sa queue ne paraît pas au dehors ; il a encore d’autres différences dans les proportions du corps, comme on le verra par les dimensions rapportées dans la table suivante.

[214]

Tous les faons de chevreuil portent la livrée en naissant ; comme les faons de cerf et la plupart de ceux de daim. Le chevreuil a des dagues, comme le cerf et le daim, lorsqu’il est dans sa seconde année, et on le nomme daguet ou brocard ; à la troisième année, chaque perche jette un andouiller en avant, à environ trois pouces au-dessus de la meule ; ensuite elles ont chacune un second andouiller en arrière, à deux pouces, pour l’ordinaire, au-dessus du premier : dans les années suivantes, il paraît encore d’autres andouillers. Lorsqu’il y en a huit ou dix, c’est-à-dire, quatre ou cinq sur chaque perche, on donne à l’animal le nom de chevreuil de dix cors ; alors il est vieux, mais, quoique vieux, il n’a souvent pas le nombre complet de dix andouillers ; dans ce cas, on reconnaît l’âge par la grosseur des perlures, la largeur et l’épaisseur des meules, etc.

Le bois du chevreuil est, à proportion de la grosseur et de la hauteur de l’animal, moins grand que celui du cerf ; la partie inférieure des perches suit à peu près la direction des prolongements de l’os frontal sur la longueur d’environ un pouce ; plus haut elles sont inclinées en dehors jusqu’au premier andouiller ; la portion de chaque perche qui se trouve depuis cet andouiller jusqu’au second penche en arrière, et l’extrémité s’étend en haut ; le premier andouiller est ordinairement vertical, et le second horizontal. Il y a plus de gouttières sur le bois du chevreuil que sur celui du cerf, mais les perlures ne sont bien apparentes que sur les côtés intérieur et postérieur de la partie inférieure des perches. Au reste, on peut remarquer beaucoup de variétés dans le diamètre et dans la longueur et la direction du mérain et des andouillers, dans la grosseur et l’élévation des pierrures du bois de chevreuil considéré sur différents [215] individus, indépendamment des défauts de conformation qui sont causés par divers accidents.

Sur la plus grande partie du corps du chevreuil et de la chevrette, le poil est de couleur cendrée depuis la racine jusqu’à une certaine longueur plus ou moins grande, et le reste a une couleur fauve : les poils étant serrés ou couchés les uns contre les autres, on ne voit que la couleur fauve, lorsque la couleur cendrée n’occupe qu’environ la moitié de la longueur de chaque poil ; mais si elle s’étend plus loin, elle paraît avec la couleur fauve qui est à l’extrémité des poils, et même elle domine sur le fauve.

Un chevreuil du parc de Versailles

Un chevreuil (pl. XXXII) et une chevrette pris dans le parc de Versailles au mois de juillet, étoient de couleur fauve sur tout le corps, à l’exception de la tête où il y avait d’autres couleurs. Le menton étoit blanc, de même que la partie de la lèvre supérieure qui est au-dessous de chacun des naseaux ; la lèvre inférieure avoit un bord noir sur la partie antérieure de la bouche, et étoit entièrement noire sur les côtés ; cette couleur s’étendoit sur la partie correspondante de la lèvre supérieure jusqu’aux naseaux. Le chanfrein, le sommet de la tête et la face extérieure des oreilles, étoient bruns et mêlés de blanc et de fauve, parce qu’il y avoit du blanc ou du fauve à l’extrémité des poils ; ceux qui se trouvoient dans les oreilles étoient de couleur blanche sale, ou fauve claire. Le dessus du cou, des épaules, des côtés du corps et des cuisses, leur côté postérieur au-dessus du jarret, le dos et la croupe avoient une couleur fauve foncée ; quoique le poil de toutes ces parties [216] fût de couleur cendrée depuis la racine jusqu’à environ la moitié de la longueur, on ne voyoit que la couleur fauve qui s’étendait sur l’autre moitié jusqu’à l’extrémité. Le reste du corps et les jambes étoient de couleur fauve claire, et presque blanchâtre sur les aisselles, le ventre et les aines. Le chevreuil pesoit cinquante-deux livres ; ces dimensions sont dans la table suivante. La chevrette étoit à peu près de même taille.

Une chevrette de Montbard

Une chevrette (pl. XXXIII) prise dans le bois de Montbard au mois de février, pesoit quarante-trois livres, et avoit trois pieds deux pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu’à l’anus ; la hauteur du train de devant étoit de deux pieds, et le corps avoit deux pieds cinq pouces de circonférence à l’endroit le plus gros. La plus grande partie du corps de cet animal étoit de couleur fauve, mêlée d’une teinte de couleur cendrée, qui étoit beaucoup plus apparente lorsqu’on regardoit cette chevrette par-derrière que lorsqu’on la voyoit par-devant : chaque poil avoit une couleur cendrée claire depuis la racine jusqu’à deux ou trois lignes au-dessous de la pointe qui étoit brune, et il y avoit au-dessous du brun une couleur fauve, qui s’étendoit sur la longueur d’environ une ligne, et plus bas une teinte de cendrée noirâtre ; la couleur du dos étoit moins fauve et plus cendrée que celle des côtés du corps où le fauve dominoit, de même que sur le ventre et sur la poitrine ; le poil avoit une couleur fauve d’un bout à l’autre derrière les oreilles à la base, sous les aisselles et entre les cuisses. La lèvre supérieure étoit noire ; et cette couleur s’étendoit jusqu’au-dessus des naseaux ; il y avait aussi du noir sur la lèvre inférieure, près des coins de la bouche : on voyoit sur le cou deux bandes blanches mêlés de gris, l’une près de la gorge, et l’autre plus bas. L’anus et la vulve étoient au milieu d’une autre tache [217] blanche beaucoup plus large, qui s’étendoit des deux côtés à environ trois pouces de distance, et seulement à un pouce au-dessus de l’anus. La partie postérieure des cuisses avoit une couleur fauve très-foncée. Les brosses, qui étoient comme celles du cerf, sur la partie supérieure de la face extérieure des canons des jambes de derrière, avoient une couleur cendrée plus foncée que celle du reste des jambes. J’ai observé, en Bourgogne, plusieurs autres chevrettes, et beaucoup de chevreuils, qui avoient tous à très-peu près les mêmes couleurs que la chevrette qui a servi de sujet pour cette description.

Description détaillée du chevreuil

[218]

[219]

La description des parties molles de l'intérieur a été faite sur le même chevreuil dont les dimensions font rapportées dans la table précédente.

La fituation du cœcum du chevréuil varie dans différens fujets : je l'ai quelquefois trouvé dans Îa région ombilicale, dirigé en arrière dans la région hypogaftrique, & d'autrefois étendu de droite à gauche dans les régions iliaque droite & hypogaf- trique : mais ces variétés arrivent dans le cerf & dans le daim; & n'empéchent pas que ces trois animaux ne { reffemblent pour la fituation des inteftins. Celle des eftomacs eft auffr la même, mais il y a quelque différence dans leur figure ; I panfe du chevreuil na que deux convexités bien apparentes à fa partie poftérieure, comine celles de la panfe du bœuf , du bélier & du bouc : la troifième convexité qui eft dans a _ panf du cerf, paroît à peine dans celle du chevreuil; ce n'eft qu'une petite éminence qui ne fe feroit pas remarquer, fi on n'étoit prévenu par les rapports qui font entre le cerf & le chevreuil. Les papilles dé la panfe de cet animal font en auffr grand nombre que celles du cerf, elles ont autant de longueur, & quelquefois plus, car jen ai vû qui avoient jufquà fept lignes : au contraire, les cloifons du réfeau du bonnet font très+ peu élevées, Le nombre des feuillets du troifième eflomac efl

Notes de la partie rédigée par Daubenton

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L'article en facsimilé

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Voir aussi

Source

• BHL : https://www.biodiversitylibrary.org/item/334841#page/331/mode/1up
• https://web.archive.org/web/20220627032425/http://www.buffon.cnrs.fr/ice/ice_page_detail.php?lang=fr&type=text&bdd=buffon&table=buffon_hn&bookId=6&typeofbookDes=hn&pageChapter=Description+du+Chevreuil.&pageOrder=219&facsimile=off&search=no