Histoire naturelle (Buffon)/Tome 25/Du mica
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Sommaire
Avant-propos
L'édition de Jean-Marie de Lanessan des œuvres complètes de Buffon a été ici utilisée pour transcrire le texte de Buffon.
Du Mica et du Talc
[55] Le mica est une matière dont la substance est presque aussi simple que celle du quartz et du jaspe, et tous trois sont de la même essence ; la formation du mica est contemporaine à celle de ces deux premiers verres ; il ne se trouve pas comme eux en grandes masses solides et dures, mais presque toujours en paillettes et en petites lames minces et disséminées dans plusieurs matières vitreuses ; ces paillettes de mica ont ensuite formé les talcs, qui sont de la même nature, mais qui se présentent en lames beaucoup plus étendues ; ordinairement les matières en petit volume proviennent de celles qui sont en grandes masses ; ici c’est le contraire, le talc en grand volume ne se forme que de parcelles du mica qui a existé le premier[L 1], et dont les particules s’étant réunies par l’intermède de l’eau ont formé le talc, comme le sable quartzeux s’est réuni par le même moyen pour former le grès.
Ces petites parcelles de mica n’affectent que rarement une forme de cristallisation ; et comme le talc réduit en petites particules devient assez semblable au mica, on les a souvent confondus, et il est vrai que les talcs et les micas ont à peu près les mêmes qualités intrinsèques ; néanmoins ils diffèrent en ce que les talcs sont plus doux au toucher que les micas, et qu’ils se trouvent en grandes lames, [56] et quelquefois en couches d’une certaine étendue, au lieu que les micas sont toujours réduits en parcelles, qui, quoique très minces, sont un peu rudes ou arides au toucher : on pourrait donc dire qu’il y a deux sortes de micas, l’un produit immédiatement par le feu primitif, l’autre d’une formation bien postérieure et provenant des débris même du talc dont il a les propriétés ; mais tout talc paraît avoir commencé par être mica ; cette douceur au toucher, qui fait la qualité spécifique et la différence du talc au mica, ne vient que de la plus grande atténuation de ses parties par la longue impression des éléments humides. Le mica est donc un verre primitif en petites lames et paillettes très minces, lesquelles, d’une part, ont été sublimées par le feu ou déposées dans certaines matières, telles que les granits au moment de leur consolidation, et qui, d’autre part, ont ensuite été entraînées par les eaux et mêlées avec les matières molles, telles que les argiles, les ardoises et les schistes.
Nous avons dit, dans les volumes précédents, (a) que le verre, longtemps exposé à l’air, s’irise et s’exfolie par petites lames minces, et qu’en se décomposant il produit une sorte de mica qui d’abord est assez aigre et devient ensuite doux au toucher, et enfin se convertit en argile. Tous les verres primitifs ont dû subir ces mêmes altérations lorsqu’ils ont été très longtemps exposés aux éléments humides, et il en résulte des substances nouvelles, dont quelques-unes ont conservé les caractères de leur première origine ; les micas en particulier, lorsqu’ils ont été entraînés par les eaux, ont formé des amas et même des masses en se réunissant ; ils ont produit les talcs quand ils se sont trouvés sans mélange, ou bien [57] ils se sont réunis pour faire corps avec des matières qui leur sont analogues ; ils ont alors formé des masses plus ou moins tendres (b), le crayon noir ou molybdène [L 2], la craie de Briançon[L 3] la craie d’Espagne[L 4], les pierres ollaires[L 5], les stéatites, sont tous composés de particules micacées qui ont pris de la solidité ; et l’on trouve aussi des micas en masses pulvérulentes, et dans lesquelles les paillettes micacées ne sont point agglutinées, et ne forment pas des blocs solides.
- « Il y a, dit M. l’abbé Bexon, des amas assez considérables de cette sorte de micas au-dessous de la haute chaîne des Vosges, dans des montagnes subalternes, toutes composées de débris éboulés des grandes montagnes de granité qui sont derrière et au-dessus. Ces amas de mica en paillettes ne forment que des veines courtes et sans suite ou des sacs isolés ; le mica y est en parcelles sèches et de différentes couleurs, souvent aussi brillantes que l’or et l’argent, et on le distribue dans le pays sous le nom de poudre dorée, pour servir de poussière à mettre sur l’écriture. [58] J’ai saisi, continue cet ingénieux observateur, la nuance du mica au talc sur des morceaux d’un granit de seconde formation, remplis de paquets de petites feuilles talqueuses empilées comme celles d’un livre, et l’on peut dire que ces feuilles sont de grand mica ou de petit talc ; car elles ont depuis un demi-pouce jusqu’à un pouce ou plus de diamètre, et elles ont en même temps une partie de la douceur, de la transparence et de la flexibilité du talc[1]. »
De tous les talcs le blanc est le plus beau[2] : on l’appelle verre fossile en Moscovie et en Sibérie où il se trouve en assez grand volume[3] ; il se divise aisément en lames
Notes de Buffon
Notes complémentaires
Dans l'édition de Jean-Marie de Lanessan :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6220116f/f524.item
- ↑ Cela est très douteux. Il est plus probable que le mica et le talc ont une origine indépendante.
- ↑ Sulfure de molybdène, substance qui n’a rien de commun avec le mica.
- ↑ Est formée de talc
- ↑ C’est un carbonate de chaux ; elle n’a, par conséquent, aucune relation de parenté avec le mica.
- ↑ La pierre ollaire ou Topfstein est formée par un mélange d’écailles de chlorite et de talc, en proportions très variables. [Note de Wikisource : On connaît les pierres ollaires aussi sous le nom de stéatites. En somme, aucune des roches citées par Buffon n’est du mica.]
Voir aussi
- https://fr.wikisource.org/wiki/%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_de_Buffon,_%C3%A9d._Lanessan/Histoire_naturelle_des_min%C3%A9raux/Du_mica_et_du_talc
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6220116f/f524.item
- ↑ Mémoires sur l’Histoire naturelle de la Lorraine, communiqués par Modèle:M..
- ↑ Le talc ordinaire est une espèce de pierre onctueuse, molle, nette, couleur de perle, qu’on peut aisément séparer eu lames qui, rendues minces, ont assez de transparence. On coupe sans peine le talc au couteau ; il se plie aussi ; il est glissant et comme gras à l’attouchement ; il se laisse difficilement briser ; il résiste à un feu assez véhément, sans souffrir de changement considérable, et aucun menstrue acide ni alcalin en forme humide ne vient à bout de le dissoudre. Wallerii Mineralog. Voyez aussi la Lithogéognosie de Pott.
- ↑ « Ce n’est qu’à l’Modèle:Lié qu’on peut rapporter les premières recherches du talc, faites sur le fleuve Witim, en Sibérie : comme il fut trouvé d’une qualité supérieure, les mines les plus célèbres, exploitées jusqu’alors sur d’autres rivières, furent entièrement négligées… Le talc le plus estimé est celui qui est transparent comme de l’eau claire ; celui qui tire sur le verdâtre n’a pas à beaucoup près la même valeur ; on en a trouvé des tables qui avaient près de deux aunes en carré ; mais cela est fort rare : les tables de trois quarts ou d’une aune sont déjà fort chères, et se paient sur le lieu un ou deux roubles la livre ; le plus commun est d’un quart d’aune, il coûte huit à dix roubles le pied. La