Dix-Huitième Siècle (2004) Ehrard

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Titre
Écriture de chats
Auteur
Jean Ehrard
In
Dix-Huitième Siècle, n°253, 2005. pp. 133-144.
Source
Persée,
https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2004_num_36_1_2627

Cet article reprend le texte d'une communication présentée le 14 décembre 2001 au colloque Buffon. L'écriture de la science, organisé à l'ENS de la rue d'Ulm par Béatrice Didier. Titre annoncé : Écritures [au pluriel] de chats.

Avant-propos

Le document a été légèrement adapté pour faciliter la lecture et l'exploitation hypertexte.

Écritures de chats

Section 1

[435]

 

À Minouroux

 

Tout s'est joué entre le stylo et l'ordinateur. Tout se joue entre le singulier et le pluriel. Un soir du printemps 2001, je m'apprêtais à décliner l'invitation reçue de Béatrice Didier. Le thème du colloque auquel elle me conviait était séduisant, mais sur «l'écriture de la science » je n'avais vraiment rien à dire. Au moment de prendre la plume j'ai été arrêté par un scrupule : devais-je ajouter à la déception de ma correspondante la peine de déchiffrer une écriture de moins en moins lisible ? D'un autre côté, une conviction ancienne, héritée de ma mère et bien antérieure à l'invention de l'ordinateur, me dissuadait de transformer par le recours à la machine une correspondance amicale en lettre d'affaires. Devais-je privilégier la lisibilité ou l'amitié ? A la recherche d'une inspiration je me retournai et vis derrière moi mon chat, commodément installé devant la réimpression Pergamon de l'Encyclopédie. Je me levai, pris le premier volume, cherchai, lus l'article « Chat »... et n'en crus pas mes yeux. Je fis alors trois mètres vers le fond de la pièce, explorai mon vieux Buffon de 1817 (1), et dus me rendre à l'évidence : là aussi Minouroux était calomnié. Bien plus, s'agissant d'auteurs que j'avais depuis longtemps adoptés, j'étais coresponsable de la calomnie : je lui devais réparation.

J'avais eu autrefois la velléité de proposer à un congrès de la Société internationale d'étude du 18e siècle une table ronde qui se serait appelée « Chiens et chats des Lumières ». [436] Il m'est arrivé de regretter d'avoir laissé l'idée sans suite, mais cette fois-ci il n'était plus question de tergiverser. Ma curiosité pour un sujet aussi vaste et nouveau qu'évidemment essentiel devenait interrogation d'honneur : questionnement circonscrit, puisqu'il ne serait plus question de chiens — que Fédor me pardonne ! — mais intense et ardent. Encore allais-je hésiter sur le titre de ma communication : écriture et chat s'imposaient : mais convenait-il de mettre les deux mots au singulier ou au pluriel, convenait-il ou non de choisir pour l'un et l'autre le même parti ? J'hésitai. Bien sûr, je ne pouvais hésiter indéfiniment. Le titre sous lequel mon propos vous a été annoncé est bien celui auquel je me suis vite — trop vite ? — arrêté. Pourtant j'hésite encore : finalement, j'aime mieux parler de chats, au pluriel, et je sais gré au bon chevalier de Jaucourt, si englué que lui-même ait pu être dans le préjugé, de m'indiquer la bonne voie. Parler du chat en général, et surtout pour le critiquer, alors qu'il n'existe pas deux chats identiques, n'est-ce pas une dérive de langage qui conduit vite au racisme ? Jamais je n'ai été tenté d'imputer au paisible Minouroux les forfaits commis dans notre appartement par l'un de ses prédécesseurs, nommé Attila ; jamais je ne porterai à son passif ceux de l'irresponsable Minestrone, son tout jeune et tout neuf petit compagnon, pressé à l'instant où j'écris de danser sur mon clavier !

Laissons donc chats au pluriel : d'autant qu'il est peu vraisemblable que Buffon, Daubenton, Jaucourt, Diderot, s'ils ont eu un chat, aient eu le même. Rendons en revanche écriture à son singulier originel. Car il nous faut bien constater que malgré la diversité de leurs multiples talents nos auteurs écrivent sur les chats d'une seule main. Le majestueux Buffon, le minutieux Daubenton, le laborieux et dévoué Jaucourt, le pesant Venel, le bouillant Diderot livrent au lecteur des savoirs scientifiques également lourds de préjugés antichats. Peut-être cela tient-il à leur choix commun, malgré d'évidentes différences de style, du même mode d'écriture de la science : telle sera en tout cas ma dernière question.

Section 2

Daubenton, Buffon, Venel sont des savants ; Diderot, Jaucourt des esprits éclairés, ambitieux de rigueur scientifique. On ne sera donc pas étonné de les voir accumuler, en réponse à des questions précises, observations, expériences ou réminiscences érudites. [437]

Ces dernières sont de Diderot qui, dans l'article CHAT (Myth.) s'interroge savamment, Hérodote à l'appui, sur la place de notre animal dans les mythologies d'autrefois, en l'espèce celle de l'ancienne Egypte, civilisation prestigieuse par son antiquité et aussi par son mystère (au 18e siècle on n'en savait pas grand chose), civilisation étrange où l'on adorait notre félin familier «sous la forme naturelle, ou sous la figure d'un homme à tête de chat » ; un pays où tuer un chat, fût-ce involontairement, «était sévèrement puni » (2). Ce bref article complète dans l'Encyclopédie le développement en quatre colonnes et demie ouvert par Daubenton avec CHAT, s.m. felis, catus (Hist, nat.), longuement complété par Jaucourt, prolongé par Venel qui consacre une demi colonne à CHAT (. Matière médicale ), terminé enfin de trois lignes anonymes sur l'utilisation de la fourrure de chat en pelleterie, «principalement » pour la fabrication de manchons. Du genre felinum genus , dont relève le chat, au doux confort d'élégantes ou de petits-maîtres également frileux le chemin est aussi méthodique que varié. Le chat, explique Daubenton, est un «animal quadrupède domestique ». Domestique, mais apparenté à des animaux «très sauvages et très féroces » comme le lion, le tigre, le léopard... et l'ours : l'ours que l'on n'attendait pas ici, parmi les félins, n'est pas seulement, lui aussi, un quadrupède sauvage et... à fourrure. Dans l'article QUADRUPEDE auquel renvoie celui-ci, Jaucourt rapproche à deux reprises l'ours du chat, d'abord pour «la tête arrondie et le museau court » qu'ils ont en commun, selon l'Anglais Ray (Synopsis methodica animalium quadrupe-dum [...], 1693), ensuite — selon la 10e édition (1759) du Systema naturae de Linné — parce que leur dentition incite à les ranger l'un et l'autre dans l'ordre III des mammifères. Mais le plus important pour Daubenton est la nature sauvage du chat : «Il y a des chats sauvages [...] et il y a lieu de croire qu'ils le seraient tous si on n'en avait pas apprivoisé ». Suivent un parallèle du chat sauvage, plus grand, et du chat domestique dont on connaît de nombreuses variétés, différentes de couleur et de grandeur, puis des précisions sur leur dentition, leurs mamelles, tout un paragraphe sur leur reproduction, un autre sur leur nourriture et une habileté à la chasse qui n'épargne pas toujours leur propre espèce, un autre sur le comportement du chat apprivoisé avec lequel il serait sage d'éviter un excès de familiarité, enfin une [437] prudente mise en doute de l'existence «dans les Indes » (lesquel¬ les ?) de chats volants en qui le naturaliste incline à reconnaître simplement des écureuils volants ou de grosses chauves-souris 3... Car en vrai savant Daubenton n'est pas prisonnier de ses sources. Il connaît et cite les autorités : un Gesner, moins vraisemblable¬ ment son contemporain Jean Gesner (1709-1790) qu'un autre Zurichois, mais du 16e siècle, Conrad Gesner4; l'illustre sir Robert Boyle (1627-1691), savant universel, qui rapporte l'accou¬ plement fécond d'un gros rat avec une chatte ; «Aldovande » (Ulisse Aldovrandi, auteur d'une histoire des quadrupèdes, De Quadrupedis solidipedibus volumen integrum, Bononiae 1639) qui s'oppose à Pline sur la longévité des chats en général et des chats coupés en particulier ; enfin «Matthiole », Pietro Andrea Mattioli (1500-1577), un classique de la «matière médicale», sur un mal contagieux qui semble être la tuberculose 5. Ainsi les sources sont-elles comparées, discutées les unes par les autres, ou à partir des observations personnelles de l'auteur qui sait prendre parfois discrètement ses distances :

«On prétend que [...] On dit qu'ils aiment beaucoup le poisson [était-ce si difficile à vérifier ?]. S'il était vrai [...] Quoi qu'il [439] en soit [...]»: autant de formules où s'exprime une volonté authentique de recherche du vrai. Sans doute voit-on que la curiosité anatomique et physiologique y tient peu de place ; mais c'est précisément cette lacune qu'entreprend de combler Jaucourt.

Celui-ci entend écrire du chat en physicien, et il le fait à partir de travaux relativement récents de l'Académie royale des sciences. Le premier sujet évoqué ici, l'extrême capacité de la prunelle du chat à se rétrécir ou au contraire à se dilater, avait été discuté à l'Académie de 1704 à 1712 : rappelant à ce sujet les thèses de l'anatomiste Jean Méry (1645-1722) et de Gabriel-Philippe de La Hire (1677-1719), auteur d'un mémoire sur l'or¬ gane de la vue et de recherches sur les verres de lunettes, Jaucourt résume assez longuement les arguments des deux parties, mais sans juger nécessaire de rappeler le contexte scientifique de la controverse, les débats suscités par Y Optique de Newton, bien avant sa traduction française par P. Coste (1720), et il se garde de trancher une question sans doute à son avis encore ouverte. Le second point qui le retient est la structure des ongles de l'animal, et leur nature rétractile. Le troisième, l'aptitude du chat à toujours retomber, en cas de chute, sur ses pattes et non sur la tête : rien de mystérieux, explique-t-il d'après un autre membre de l'Académie des sciences, le mathématicien Antoine Parent (1666-1716) ; c'est la peur qui, déplaçant le centre de gravité du chat pendant sa chute, le fait se retourner 6. Et de citer Fontenelle, historien de l'Académie : «La plus fine connaissance de la méchanique ne ferait pas mieux en cette occasion [...] que ce que fait un sentiment de peur, confus et aveugle ». Dernière question de physique : «d'où vient qu'on voit luire le dos d'un chat, lorsqu'on le frotte à contre-poil ? ». Le renvoi à l'article ÉLECTRICITÉ, de Le Monnier, s'imposait pour rendre compte de ce phénomène d'électrostatique, à une époque où les expériences se multiplient dans un domaine scientifique jusque là peu exploré. C'est cependant par un retour à l'observation commune que se termine la contribution de Jaucourt, avec des considérations sur la couleur des chats et un écho d'une croyance, apparemment fondée, qu'il rapporte prudemment : «J'ai ouï dire qu'il n'y avait aucun chat mâle tricolore ». Beaucoup plus réservée encore, la façon dont Venel aborde ensuite les propriétés médicinales attri¬ buées par la tradition «aux différentes parties du chat », graisse, [440] sang, fiente, tête, foi, fiel, urine, peau, etc. : autant de remèdes réputés «admirables », mais dont l'efficacité supposée attend encore, dit-il, une vérification expérimentale. Ce doute méthodo¬ logique n'empêche cependant pas l'auteur de citer abondamment ses sources, et d'abord le Dictionnaire de médecine et de chirurgie de Robert James, traduit par Diderot, Eidous et Toussaint en 1744.

L'ensemble CHAT de Y Encyclopédie vise donc bien au maxi¬ mum de scientificité permis par le savoir contemporain. Très proches de lui dans le temps 7, les pages de Buffon sur le même sujet lui ajoutent en elles-mêmes, par contraste avec la précise Description de Daubenton qui les suit, peu d'informations nouvel¬ les. Le grand naturaliste est même moins bien informé que son collaborateur lorsqu'il limite la longévité de l'animal à «neuf ou dix ans » (loc . cit., p. 209), alors que dans V Encyclopédie Daubenton l'affirmait bien supérieure. En revanche, revenant sur la dentition du chat qui permet à celui-ci — dit-il — de déchirer les aliments, mais non de les broyer, Buffon affirme ce que Daubenton laissait en 1753 dans le doute : «Ils [les chats] aiment le poisson et le mangent cuit ou cru » (p. 210). Mais c'est à Daubenton qu'il emprunte une information sur la longueur com¬ parée des intestins du chat sauvage et du chat domestique, plus grande — indique-t-il chez le second. Car son «démonstrateur » avait minutieusement mesuré : trois pieds, deux pouces et cinq lignes dans un cas, cinq pieds, neuf pouces, dix lignes, dans le second, coecum compris. Notons que si la précision, transposée dans notre système métrique, est poussée jusqu'à l'extrême, le millimètre (la ligne en compte environ vingt-sept, et il y a douze lignes dans un pouce), ni l'un ni l'autre ne s'inquiètent d'une [441]

généralisation peut-être hâtive, à partir d'un nombre de dissec¬ tions et de mesures nécessairement limité. Tout au plus Buffon la tempère-t-il d'un prudent «ordinairement »... Mais son propos est ailleurs, à un panorama des variétés connues, parfois très différentes des chats européens : aussi s'intéresse-t-il à des chats exotiques, chats du Canada, de l'Afrique noire, de Madagascar, de Perse, de Syrie, de Chine. Il passe vite sur la vision du chat et sur les propriétés électriques de son poil, mais s'arrête sur une étonnante particularité des chats. «Leur sommeil est léger, et ils dorment moins qu'il ne font semblant de dormir» (ibid.). Instruit cependant de son erreur par l'ingénieur dijonnais Pasu-mot8, il tiendra plus tard à la rectifier en insérant dans son Supplément de 1774 un extrait de la mise au point de son corres¬ pondant (p. 214-215) :

«De coutume — écrit celui-ci — je couchais avec moi, dans mon lit, un chat que je plaçais toujours à mes pieds ; dans une nuit que je ne dormais pas, je repoussai le chat, qui me gênait : je fus étonné de le trouver d'un poids si lourd, et en même temps si immobile, que je le crus mort ; je le tirai bien vite avec la main, et je fus encore tout aussi étonné, en le tirant de ne lui sentir aucun mouvement ; je le remuai bien fort, et à force de l'agiter, il se réveilla» 9.

Soit par affection, soit pour avoir chaud, soit pour les deux motifs à la fois — ils n'ont rien d'inconciliable — Pasumot couchait avec un chat sur son lit. On peut douter que le seigneur de Montbard ait eu la même habitude. S'il avait fréquenté des chats aussi familièrement, aurait-il pu insérer et maintenir dans ce chapitre, lui par ailleurs intellectuellement si honnête, tant de médisances, ou plutôt de calomnies ? Car l'essentiel de son apport concerne le comportement et le caractère supposé des chats, et son appréciation est alors d'un étonnant parti pris. Ici Buffon décrit moins le chat qu'il n'instruit contre lui un véritable procès, dans une instruction toujours menée à charge, jamais à décharge... Dès la première ligne le ton est donné : «Le chat est un domesti¬ que infidèle qu'on ne garde que par nécessité » (p. 206). Mieux [442] vaut encore chez soi un chat qu'une invasion de souris..., mais ne soyons pas dupes :

«Quoique ces animaux, surtout quand ils sont jeunes, aient de la gentillesse, ils ont en même temps une malice innée, un caractère faux, un naturel pervers, que l'âge augmente encore, et que l'éducation ne fait que masquer » (p. 207).

Résistons, avec Buffon, à la «gentillesse » du chaton, donnée aggravante d'une perversité congénitale. Avouons que «les jeu¬ nes chats sont gais, vifs, jolis », mais préservons nos enfants d'un coup de patte soudain (p. 208). Prenons le chat pour ce qu'il est, un «fripon ». C'est-à-dire, dans le premier sens du mot, un voleur et un tricheur, «sans honneur et sans bonne foi » (Furetière), un fourbe qui met la ruse et l'hypocrisie au service de la malhonnêteté. Tout un chacun peut s'y tromper, mais pas l'esprit d'observation du naturaliste :

«De voleurs déterminés ils deviennent seulement, lorsqu'ils sont bien élevés, souples et flatteurs comme les fripons ; ils ont la même adresse, la même subtilité, le même goût pour faire le mal, le même penchant à la petite rapine, comme eux, ils savent couvrir leur marche, dissimuler leur dessein, épier les occasions, attendre, choisir, saisir l'instant de faire leur coup, se dérober ensuite au châtiment... » {ibid.).

Perfides, égoïstes, amoraux par nature, les chats n'ont pour leurs maîtres que «l'apparence de l'attachement ». Et l'observateur qui se veut attentif en détaille les preuves :

«On le voit à leurs mouvements obliques, à leurs yeux équivoques ; ils ne regardent jamais en face la personne aimée ; soit défiance ou fausseté, ils prennent des détours pour en approcher, pour chercher des caresses auxquelles ils ne sont sensibles que pour le plaisir qu'elles leur font » (ibid.).

Ainsi même les qualités physiques du chat, ou les habitudes qui font de lui un compagnon agréable sont à porter à son passif :

«Le chat est joli, léger, adroit, propre et voluptueux ; il aime ses aises, il cherche les meubles les plus mollets pour s'y reposer et s'ébat¬ tre » (ibid.).

Ce goût du bien-être, du confort et du plaisir n'aurait rien de bien choquant pour un homme du 18e siècle, s'il était éducable. Mais les chats, explique encore Buffon, ne sont susceptibles d'aucune réelle éducation: «Leur naturel, ennemi de toute contrainte, les rend incapables d'une éducation suivie » (p. 208). Le chat acquiert sans peine «des habitudes de société, mais jamais des mœurs » (p. 207). En réalité le chat domestique demeure toujours foncièrement sauvage. Daubenton l'indique : [443] «Les chats sont fort caressants lorsqu'on les a bien apprivoisés ; cependant on les soupçonne toujours de tenir de la férocité naturelle de leur espèce »,

Buffon le répète (p. 209 et 213). C'est même la raison pour laquelle l 'Histoire naturelle réserve délibérément au chat une place de transition — «il fait la nuance », précise l'auteur (p. 213) — tout à la fin des Animaux domestiques, auxquels succèdent Les Animaux sauvages. On remarquera seulement que la liberté célébrée chez les seconds comme une marque de noblesse (p. 217), est présentée dans le cas du chat comme un vice : c'est que le chat joue sur les deux tableaux, et qu'il confirme sa perversité, sa vocation de tricheur, en refusant de se prêter simplement à la classification pourtant simple du naturaliste !

On remarquera aussi comment la justesse de l'observation est ici presque constamment trahie par un vocabulaire essentiellement psychologique et moral. Décrivant le comportement des chats, Buffon ne peut s'empêcher de faire comme s'il les voyait de l'intérieur. Ce La Bruyère des animaux semble oublier que l'ani¬ malité n'est pas l'humanité. Sans doute peut-il paraître en cela plutôt cohérent avec lui-même. Sur la question, encore très contro¬ versée au 18e siècle, de «l'âme des bêtes» le Discours sur la nature des Animaux s'emploiera, on le sait, à définir une position de synthèse : s'il n'accorde pas aux bêtes d'âme spirituelle, il refuse aussi d'en faire de pures machines, leur reconnaît des sensations et du «sentiment » 10. Mais dès lors la tentation est forte d'interpréter celui-ci en termes humains, puis de porter un jugement moral sur des êtres que l'on affirme pourtant dépourvus de connaissance et de réflexion. De l'anthropocentrisme qu'impli¬ que la distinction même entre animaux sauvages et animaux domestiques, Buffon glisse à un insidieux anthropomorphisme : ne serait-ce pas la suprême perversité du chat, contradictoirement si proche et si lointain, insaisissable, que de sournoisement y résister ?

On le voit, derrière le naturaliste le moraliste veille. Un mora¬ liste sévère et lucide qui ne s'en laisse pas plus conter par les bêtes que par les hommes : au reste, entre l'homme et le chat Buffon décèle une «convenance de nature » (t. VI, p. 207, et ce n'est certainement pas dans son esprit à l'avantage de la nature humaine. Peut-être doit-on être plus précis : le vocabulaire dont use le savant à propos du chat ressemble beaucoup à celui des [444] moralistes classiques parlant de la femme. Comme celle-ci le chat — et plus encore la chatte {ibid.) — est un séducteur : joli, on l'a vu, et léger, donc gracieux, mais infidèle, indocile, aussi secret et trompeur que voluptueux. Et puis, ces yeux «équivo¬ ques » qui se dérobent, qui ne vous regardent jamais en face (passage cité), ne renvoient-ils pas à une image convenue de la femme, coupable par nature — au moins d'irréflexion et de caprice — fuyant le regard raisonnable, la sage réprobation du mâle ?

Tout cela, Buffon ne le dit pas, et peut-être n'y a-t-il même pas songé. Mais son texte le suggère. Et ce faisant il inscrit la pensée du savant dans une tradition dans laquelle celui-ci ne se serait sûrement pas reconnu, mais à laquelle l'historien ne peut éviter de le rattacher. Par la femme, en effet, on passe aisément du chat au diable : la malice du chat (p. 208) n'est-elle pas en lui le signe du Malin ? Partout autrefois l'imaginaire collectif faisait du chat un être extraordinaire. En Orient on le dit issu de l'accouplement contre-nature d'un singe et d'une lionne, à moins qu'il ne soit né de l'éternuement du lion, giflé par Noé dans son Arche n. Dans l'Occident chrétien le chat, comme la femme, est associé à Satan 12 . Dans les histoires de sorcellerie et de sabbat le chat noir est presque aussi présent que le grand homme noir. Pour l'opinion commune le chat est diabolique : peut-être à cause de ses origines orientales, comme le suggère dans Y Encyclopédie l'article de Diderot sur les chats égyptiens, où le Philosophe s'indigne du degré de dénaturation auquel peut conduire la superstition :

«Telle était la superstition de ces peuples, qu'il est à présumer qu'un chat en danger eût été mieux secouru qu'un père ou un ami, et que le regret de sa perte n'eût été ni moins réel ni moins grand. Les principes moraux peuvent donc être détruits jusque là dans le cœur de l'homme ; l'homme descend au dessous du rang des bêtes, quand il met la bête au rang des dieux » 13.

En tout cas on fait bien voir au chat que si on le tolère comme chasseur de souris, il est par ailleurs indésirable. Le siècle des [445] Lumières ne brûle plus les sorciers, mais malgré les édits royaux il continue chaque saint-Jean à jeter les chats au bûcher, ou s'amuse à les massacrer

Section 3

Aimer les chats et les défendre relève dans ce contexte du paradoxe : c'est bien comme tel que Moncrif écrit son Histoire des Chats, et que ses contemporains la reçoivent. Quelques voix s'élèvent, il est vrai, avant et après lui, pour parler des chats avec sympathie ou du moins avec objectivité, mais elles sont bien peu nombreuses 15. L'animosité de Buffon est donc moins un sentiment personnel que l'écho de l'opinion commune. Reste à comprendre comment un vrai savant peut se faire l'interprète de celle-ci sans aucune distance critique, et cette question nous ramène très exactement au thème de notre colloque. Nous sommes réunis pour réfléchir, en historiens, à «l'écriture de la science », et non pour discuter des Minestrone ni des Minouroux du 1 8e siè¬ cle. Il me semble pourtant que ceci n'est pas sans rapport avec cela. Chacun sait que la science moderne s'est constituée, au

17e siècle, avec Galilée, Descartes puis Newton, en se dotant d'un langage spécifique, les mathématiques, et en distinguant à partir de cette conquête l'expérience proprement scientifique, parce que mesurable, du flou de l'expérience vulgaire, le savoir de la croyance ou de l' ouï-dire. Ainsi le merveilleux de la chute du chat retombant toujours sur ses pattes se réduit pour le physicien à un effet mécanique simple, géométrique, parfaitement intelligible. A l'opposé de ce nouveau type de savoir, le thème du danger mystérieux que présenterait pour l'homme l'haleine du chat relève, lui, d'un savoir prémoderne, d'une observation tout empi¬ rique qui échappe à l'analyse rationnelle. Or, vers le milieu du siècle, ce qui était archaïque tend à redevenir moderne. Dans un grand retour au concret une nouvelle mutation épistémologique conteste le modèle mécaniste et la «géométrisation de l'uni¬ vers » 16 . Faut-il rappeler la part que Buff on prend lui-même dans ce changement ? En 1749 son Discours de la manière d'étudier et de traiter l'Histoire naturelle rejette avec éclat la stérilité des mathématiques, au profit des sciences d'observation 17 . Mais en même temps il dénie à celles-ci le droit de se doter d'une langue propre, et reproche à la nomenclature de Linné — selon lui à la fois arbitraire et obscure 18 — d'avoir rendu la langue de la science «plus difficile que la science » 19. Cependant, une fois le langage mathématique renvoyé à son abstraction, une fois refusé ce qui pouvait être dans le langage des mots l'équivalent de celui des chiffres, ce qui pouvait exiger des sciences concrètes une ascèse intellectuelle analogue à celle du recours à la géométrie et à l'algèbre, il ne restait que le langage ordinaire : un langage certes choisi, éventuellement magnifié par les manchettes du style, mais lourd aussi de pensées ordinaires. Avec une naïve duplicité rappelant celle qu'il prête au chat, Buffon a voulu être à la fois savant et vulgarisateur, il a voulu écrire en même temps pour les savants et pour les gens du monde. Mais les mots ne sont pas neutres, ce ne sont pas seulement des signes — comme on a voulu le croire au 1 8e siècle — mais des concentrés de pensée, voire des concentrés de préjugé.

Nul ne le contestera : notre connaissance de la nature est redevable à Buffon de progrès considérables. Mais sur les chats le progrès scientifique doit assurément plus à son principal colla¬ borateur : non pour son article de Y Encyclopédie, dont on a dit les limites, mais pour la Description du tome VI de YHistoire naturelle , où Daubenton multiplie les tableaux chiffrés. Les chiffres peuvent avoir leur part d'illusion ; du moins échappent-ils aux préjugés vulgaires. Mais s'il n'est de science que du mesurable, écrire scientifiquement des chats supposerait-il qu'on les réduisît en équation ? Ou que l'on pût donner un jour du chat, considéré physiquement (et ici je reviens à dessein au singulier), la formule chimique ? Nous serions alors encore plus loin de Buffon... Revenant à celui-ci, je ne puis tout simplement m' empêcher de me demander comment son refus de doter la science d'un langage spécifique lui aurait permis d'accueillir à la fin de son siècle la plus prometteuse des conquêtes scientifiques de ce temps, quelque peu éclipsée sur le moment par la tourmente politique : à un an près puisqu'il est mort en 1788, comment Buffon aurait-il réagi à l'autre Révolution de 89, la révolution accomplie par Lavoisier avec le Traité de chimie et la nomencla¬ ture chimique ? Mais si je pose la question, j'en sais la vanité, et suis en tout cas bien incapable d'y répondre. Vous me permet¬ trez donc de m'en tenir là, de donner devant vous ma langue au chat.

JEAN EHRARD

Annexe

[Le texte qui suit n'a rien de littéraire. Il est de la main du convention¬ nel riomois Gilbert Romme (1750-1795), personnage austère dont la gravité révolutionnaire a peu d'affinités avec l'enjouement et l'esprit de Moncrif ou de Fontenelle. On le retrouve, à quelques variantes près, dans l'ouvrage par lequel Romme, selon sa grande ambition de compagnon, puis successeur, de Condorcet au Comité d'Instruction publique, entendait contribuer à l'éducation populaire dans les campa¬ gnes, V Annuaire du cultivateur (Imprimerie nationale, an III : voir p. 67-68). Je remercie Mme Anne-Marie Bourdin de l'avoir extrait pour moi des Archives départementales du Puy-de-Dôme (AD 63, I J 1803). Jusques et y compris dans la notation finale — qui déconcertera notre sentimentalisme — il vaut par une neutralité, une objectivité qu'inspire le seul souci de l'utilité sociale, exclusif de tout préjugé.]

25. Niv. CHAT quad. fauv. dont, formes, mouvements agréa¬ bles, poil doux, court, blanc, gris, roux, noir ou de couleurs mêlées ; retire ou ressort à volonté les griffes dans leur gaine ; se sert adroitement de ses pâtes pour jouer fraper saisir ; voit peu le jour, mieux la nuit, ses yeux ont alors l'éclat du feu ; frotté dans l'obscurité il donne des étincelle, miaule, met de l'accent dans sa voie, en exprimant ses affections ; râle de conten¬ tement ; aime la rapine fait la chasse aux oiseaux, aux lapereaux, levreaux, mulots, taupes, crapaux, grenouilles, serpens, chauve-souris, rats, souris ; est rusé, patient, se tapit, feint de dormir pour mieux les surprendre, est friand de poisson. Mange lente¬ ment ; boit peu et en lapant. Ses excremens sont corrosifs, il les couvre soigneusement. Aime les parfums, les plantes très odoran¬ tes surtout le marum, la valériane, la cataire ; se roule dessus, les fait périr. Il est propre, adroit, leger, curieux, jaloux, hardi ; ami de l'indépendance, s'irrite devient furieux contre ceux qui veulent le contraindre, a une tendance à redevenir sauvage, peut etre longtems sans manger. La femelle est lubrique, porte 56 jours, 4 ou 6 petits, les cache pour que le mâle ne les dévore pas. Le chat vit 10 ou 12 ans. Sa peau fait des fourures, son poil sert à la chapellerie, celui du chat d'angora est long, soyeux, blanc ou roux fait des tricots legers chauds. La chair du chat se mange.

Notes

(1) Œuvres complètes de Buffon, mises en ordre, précédées d'une Notice sur la vie de l'Auteur, et suivies d'un Discours intitulé : Vue générale des progrès de plusieurs branches des sciences naturelles depuis le milieu du dernier siècle, par M. le comte de Lacepède, Nouvelle édition ornées de nouvelles et superbes figures, Paris, Rapet et Cie, 1817, 12 vol. L'article «Le Chat » est au tome 6, p. 206-217.
(2) Particularité déjà relevée en 1727 par «l'Homère des chats », Moncrif, dans son Histoire des chats : nouvelle édition avec une préface de Gabriel Arkazh, Rennes, La Part commune, 1999, Deuxième lettre, p. 46.
(3) L'écureuil volant, ou polatouche, auquel V Encyclopédie consacre en partie l'une de ses planches (pl. XIV, fig. 2 des Quadrupèdes ) vivrait particulièrement au Canada (Indes occidentales). Mais Moncrif (op. cit., Dixième lettre, p. 112) écrit doctement : «Les chats du Malabar habitent ordinairement sur les arbres, le vol leur est propre, et ce qu'il y a de plus surprenant, est qu'ils volent sans ailes ». Le Malabar, sur la côte occidentale de l'Inde, fait partie de ce que l'on appelait au 18e siècle les Indes orientales.
(4) Conrad Gesner, Historiae animalium, lib. I de quadrupedïbus viviparis, Tiguri, 1551 (réédit. 1603 et 1620) ; Lib. II, 1554 (Réédit. 1560, 1586, 1617).

5. «[...] ce qu'il y aurait le plus à craindre, lorsqu'on vit trop familièrement avec des chats, serait l'haleine de ces animaux, s'il était vrai, comme l'a dit Matthiole, que leur haleine pût causer la phthisie à ceux qui la respireraient. Cet auteur en rapporte plusieurs exemples. Quoi qu'il en soit, il est bon d'en avertir les gens qui aiment les chats au point de les baiser, et de leur permettre de frotter leur museau contre leur visage ». On peut hésiter sur la maladie dont il s'agit : le mot phthisie fait penser à la tuberculose, mais la «tuberculose du chat » relève d'un bacille aviaire qui ne se transmet pas à l'homme. En revanche le chat peut jouer le rôle de vecteur du bacille humain (bacille de Koch). Je remercie le Docteur Besnard, médecin-vétérinaire à Riom, de m' avoir aidé à clarifier la question.

Ajoutons qu'au temps de Buffon et de Daubenton le processus de la contagion demeure très mystérieux, et d'autant plus redoutable que l'on ignore tout des microbes et des bacilles. Certains médecins, faute de pouvoir donner du phéno¬ mène une explication rationnelle, préfèrent en nier la réalité et y voir une supersti¬ tion populaire. Ce clivage est particulièrement net dans les débats médicaux sur la peste : J. Ehrard, «Opinions médicales au 18e siècle : la peste et l'idée de contagion», Annales E.S.C., Paris, janvier-mars 1957, p. 46-59.

6. Moncrif (Sixième lettre, p. 82-83) rapportait déjà, d'après Fontenelle, l'expli¬ cation donnée par l'Académie des sciences.


7. L'article CHAT de Y Encyclopédie paraît, au tome III, en 1753. L' Histoire naturelle consacre au chat les pages 3 à 54 de son tome VI (1756) : le texte de Buffon (seul repris dans l'édition de 1817) y occupe les pages 3 à 17 ; il est suivi de deux contributions de Daubenton, la Description du chat (p. 18-48), puis la Description de la partie du cabinet qui a rapport à l'Histoire naturelle du chat (p. 49-54).

Rappelons la subordination officielle de Daubenton à Buffon dans la grande aventure intellectuelle qui les réunit. Au début des années 1750 Buffon est installé dans sa gloire d'académicien et d'intendant du Jardin du roi ; Daubenton, son cadet, y est simple «démonstrateur » d'anatomie : c'est lui qui dissèque et mesure, Buffon se réservant la tâche noble de la synthèse en forme de discours.

Pour préciser davantage le rapport chronologique entre nos deux textes, il faudrait connaître leurs dates de rédaction : estimation difficile, vu les difficultés de publication rencontrées aussi bien par Y Histoire naturelle (Buffon les déplore dans Y Avant-propos de son tome VI) que par Y Encyclopédie.


8. Voir François Poplin, «Buffon, Pasumot et le sommeil paradoxal du chat », Mémoires de l' Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, tome 130, Année 1989-1990 (1991), p. 297-307. Je remercie M. Poplin de m'avoir spontané¬ ment envoyé son article quand il a appris le sujet que je devais traiter à ce colloque.

9. Histoire naturelle, op. cit., p. 214-215. Buffon reproduit ensuite, sur le même sujet, une lettre d'un négociant de Châlons en Champagne (notre Châlons-sur-Marne), «qui faisait coucher souvent des chats avec lui » (ibid.).

10. Histoire naturelle, op. cit., t. 5, p. 557-558 et passim.


11. Les deux légendes sont rapportées par Moncrif, Troisième lettre, p. 54 (d'après Montesquieu, Lettres persanes, XVIII), et Quatrième lettre, p. 66.

12. Voir, par exemple, Robert Darnton, Le grand massacre des chats, Paris, Robert Laffont, collection Pluriel, 1984, p. 106-111.

13. Sur la relation mythique entre crainte des Arabes et «ailurophobie », voir François Poplin, «Domestication du chat ? D'Orient en Occident, sans oublier le chat d'Islam», Ethnozootechnie, n°40, Paris, 1987, p. 45-54.


14. R. Darnton, op. cit.

15. Le propos de cette communication ne pouvait être de recenser les textes du 18e siècle sur les chats. Je constate simplement que le Siècle des Lumières est fort peu représenté dans les deux volumes Histoires de chats et Autres histoires de chats publiés en 1995 par Philippe Toussaint (associé pour le second volume à Sophie Rongieras) aux éditions Sortilèges (Les Belles-Lettres) : seulement par les duettistes Moncrif et Buffon, et par la Relation d'un Voyage au Levant (1717) de Piton de Tournefort, où le célèbre botaniste — mort en 1708 — s'étonne de l'affection des Musulmans pour leurs chats. Si l'on en croit Moncrif (Première lettre, p. 32), un autre penseur de la même époque mériterait au moins une mention dans une anthologie idéale, Fontenelle : «M. de Fontenelle avoue qu'il a été élevé à croire que la veille de la Saint-Jean il ne restait pas un seul chat dans les villes, parce qu'ils se rendaient ce jour-là à un sabbat général. Quelle gloire pour eux, madame, et quelle satisfaction pour nous, de songer qu'un des premiers pas de M. de Fontenelle, dans le chemin de la philosophie, l'ait conduit à se défaire d'une fausse prévention contre les chats et à les chérir ». Je n'ai pas trouvé trace de cette confidence dans les Œuvres de Fontenelle ; selon Alain Niderst qui a bien voulu mettre à ma disposition son grand savoir fontenellien, elle a dû être orale. Le même spécialiste doute que Fontenelle ait eu des chats : la question reste ouverte.

Dans le groupe restreint des ailurophiles du 1 8e siècle il faut mentionner — et l'exception confirme la règle — le solitaire Jean-Jacques : voir le livre de Michel Launay, Rousseau écrivain politique (C.E.L. — A.C.E.R., 1971) et ses illustrations, notamment celles qu'il emprunte aux premières éditions du Discours sur les origines de l'inégalité (p. 203) et des Principes du droit politique (p. 517).

Voir aussi, pour l'autre extrémité du siècle, le texte de Gilbert Romme reproduit en annexe.


16. Yvon Belaval, «La crise de la géométrisation de l'univers dans la philoso¬ phie des lumières », Revue internationale de Philosophie, 1952, p. 337-355. — Jean Ehrard, L'idée de nature en France dans la première moitié du 18e siècle (1963), Paris, Albin Michel, 1994, chapitres II à IV.

17. Histoire naturelle, op. cit., t. 1, p. 56.

18. Ibid., p. 45 sq.

19. Ibid., p. 54.


Voir aussi