Le Buffon choisi de Benjamin Rabier/Sauvages/L'ours
L'ours
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Le Buffon choisi de Benjamin Rabier (1924) L'homme - Animaux domestiques - Animaux sauvages - ... - Oiseaux - Poissons |
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L'ours
L'ours est non seulement sauvage, mais solitaire ; il fuit par instinct toute société, il s'éloigne des lieux où les hommes ont accès, il ne se trouve à son aise que dans les endroits qui appartiennent encore à la vieille nature. Une caverne antique dans les rochers inaccessibles, une grotte formée par le temps dans le tronc d'un vieil arbre, au milieu d'une épaisse forêt, lui servent de domicile; il se retire seul, y passe une partie de l'hiver sans provisions, sans en sortir pendant plusieurs semaines.
Cependant il n'est point engourdi, ni privé de sentiment, mais comme il est naturellement gras, et qu'il l'est excessivement sur la fin de l'automme, temps auquel il se recèle, cette abondance de graisse lui fait supporter l'abstinence, et il ne sort de sa bauge que lorsqu'il se sent affamé.
La voix de l'ours est un grondement, un gros murmure, souvent mêlé d'un frémissement de dents qu'il fait surtout entendre lorsqu'on l'irrite.
On lui apprend à se tenir debout, à gesticuler, à danser ; il semble même écouter le son des instruments et suivre grossièrement la mesure ; mais, pour lui donner cette espèce d'éducation, il faut le prendre jeune, et le contraindre pendant toute sa vie.
L'ours qui a de l'âge ne s'apprivoise ni ne se contraint plus ; il est naturellement 1 intrépide, ou tout au moins indifférent au danger. L'ours sauvage ne se détourne pas de son chemin, ne fuit pas à l'aspect de l'homme ; cependant on prétend que par un coup de sifflet on le surprend, on l'étonné au point qu'il s'arrête et se lève sur les pieds de derrière. C'est le temps qu'il faut prendre pour le tirer et tâcher de le tuer ; car s'il n'est que blessé, il vient de furie se jeter sur le tireur, et l'embrassant des pattes de devant, il l'étoufferait s'il n'était secouru.
La peau de l'ours est de toutes les fourrures grossières celle qui a le plus de prix, et la quantité d'huile que l'on tire d'un seul ours est fort considérable.
La quantité de graisse dont l'ours est chargé le rend très léger à la nage, aussi traverse-t-il sans fatigue des fleuves et des lacs.
L'ours a les sens de la vue, de l'ouïe et du toucher très bons, quoiqu'il ait l'œil très petit, relativement au volume de son corps, les oreilles courtes, la peau épaisse et le poil fort touffu ; il a l'odorat excellent, et peut-être plus exquis qu'aucun autre animal. Il a les jambes et les bras charnus comme l'homme, l'os du talon court et formant une partie de la plante du pied, cinq orteils opposés au talon dans les pieds de derrière, les os du carpe égaux dans les pieds de devant, mais le pouce n'est pas séparé et le
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